mardi 7 janvier 2014

THE PRODIGY - O2, Londres

Pas grand chose de prévu en novembre pour fêter la nouvelle année, la seule fête imposée au monde qui te force à souhaiter une bonne année à ton entourage et surtout une bonne santé, le truc qui flanche souvent trop vite. Si tu nous suis régulièrement (on est pas nombreux alors je te salue) tu sais que Howlett et ses potes font parti des trucs que sur ce site on estime, notamment pour ses prestations live incroyables. Je revend un rein et un testicule pour aller festoyer avec les habitants de la perfide le 31, et après quelques tours sur la Northern Line et la Jubilee Line, me voilà dans l'O2, la salle la plus étrange que j'ai vu de ma courte (?) existence. L'O2 ressemble de loin à une grosse calzone en cure d'acupuncture et l'intérieur est en fait un vaste centre commerciale à la gloire de la salle de concert. Deux salles, un cinéma, une bonne vingtaine de bars et restaurants, on se croirait à Disney Village mais à la place de parents exténués et de hobbits enjoués, ce sont des anglais éméchés (ou en devenir) qui déambulent dans les allées du complexe. Un burger dans l'estomac, et on rentre dans l'arène. Le public de ce soir est nettement divisé en deux. Des ados vulgaires d'un côté, et des trentenaires aptes à embrasser la quarantaine de l'autre. Un peu comme chez nous, sauf que les filles sont plus proche d'être à poil qu'autre chose, le charme de l'Angleterre quand il fait 3° dehors.

Bien sur, Prodigy n'a pas prévu de jouer toute la soirée. Ils commenceront à 00h01, alors il va falloir se farcir l'affiche de première partie et c'est la catastrophe. Je ne sais pas pourquoi les mecs s'entourent de groupe aussi merdiques. Pour paraitre meilleurs ? Je ne crois pas qu'ils aient besoin de ça. Par sympathie pour les jeunes pousses ? Ces mecs ne viennent pas de cette génération, pourquoi chercher à rameuter du jeune avec des appâts aussi honteux ?

Modestep, plus encore que South Central jadis, est probablement le pire truc que j'ai vu sur scène. Tous genres confondus. Toutes époques également. Affreux du début à la fin. Des mecs sur-tatoués en slim à mêche, qui font un mash-up de leurs propres titres et de ceux des autres en mélangeant wobble dégueux et chants emo/hurlements gutturaux avec de vrais instruments ! Ces types ont pris tout ce qui se faisait de pire dans le rock (emo criard idiot) et dans la techno pour en arriver à une mixture molle et vulgaire. Tellement que même Prodigy, qu'en toute honnêteté je ne peux pas le nier, pourtant pas les derniers en mauvais goût, ont une certaine classe en comparaison. Ils ont du jouer 40 titres en 45 minutes, en faisant des petits sauts ridicules, et des "1,2...1!2!3!4!" toutes les 29 secondes. La purge. Derrière un type masqué répondant au nom de Jaguar Skills a fait... la même chose mais uniquement avec des mp3. Sa sélection est tout de même beaucoup plus large, allant du reggae à Goldie, en passant par House of Pain. Moins pénible mais pas franchement mieux. Derrière, Rudimental est un groupe exceptionnel en comparaison. Un DJ et un mec à la trompette qui eux passent des morceaux en entier. Bref, tout ça est assez vain mais permet surtout de faire le soundcheck personnel.

Minuit. Des lasers, du Sergio Leone, un décompte sur grand écran et instantanément la scène se démonte pour laisser apparaître le décor du groupe à la fourmi. D'énormes lampes sont placées devant un énorme jet, tout est fait pour donner l'impression d'être dans un hangar, allant avec le thème du prochain album, normalement "How To Steal A Jet Fighter", qui devrait voir le jour quelque part entre 2014 et une autre vie. Forcément, lorsque le trio et ses deux mercenaires (batterie/guitare) montent sur scène, la mornifle qui va suivre va être méchante et sèche. 1h30 de cette puissance qui fait de Prodigy un groupe hors catégorie sur scène. L'énergie est là, le ton est guerrier. Il y a un je ne sais quoi qui me rappelle la tournée de 2005, pour les 15 ans du groupe, où la musique était plus agressive encore, sorte de mad max belliqueux dans la boite à rythme. Malheureusement, peu de nouveautés depuis déjà 5 ans. On sait que le groupe avait eu des difficultés à s'entendre après avoir tourné pendant 2 ans pour Fat Of The Land, on est surpris de les voir s'acharner à tourner en quasi permanence depuis 2008. Après tout, peu de gens iront dire quoi que ce soit sur leur show, alors que leurs albums séduisent de moins en moins. Mais étonnamment, l'entente semble parfaite, et l'osmose entre les deux vocalistes est encore renforcée. Maxim et Keith Fint semblent bien s'amuser sur scène, et "jouent" plus encore qu'avant le spectacle, là où la tournée de 2004 montraient des retrouvailles timides qui s'illustraient par des absences totales de l'un ou l'autre.
les quelques modifications de la setlist sont donc maigres. Howlett a déterré No Good, son single dance épique de 94, ainsi que Hyperspeed tiré du premier LP. Sinon, c'est vers les 3 nouveaux morceaux qu'il faut s'orienter. "Jet Fighter" et "AWOL" ainsi qu'un autre. J'ai l'impression que Howlett est dans une situation peu confortable à l'écoute de ces 3 morceaux. Devant faire avec un public qui a rajeunit ( les types se dirigent lentement mais surement vers leur 50 balais) et qui se nourrit de groupe comme Modestep, il refuse de céder à la facilité et continue de faire du Prodigy. Mais pas comme "Warrior's Dance", mais plutôt comme Baby's Got a Temper, morceau impeccable de 2002 mais en pilotage auto que le groupe a depuis renié. Breakbeats assurés, riffs épais, pas de sons cheap ou de voix dance. Le mode guerrier du groupe parait à son apogée. Les types viennent du hip hop, du punk, de la scène rave et du reggae. Pas du métal ado ni du dubstep. Il y a un côté quasi éducatif chez eux qu'ils devraient défendre (ce que Maxim a récemment expliqué dans une interview d'ailleurs).  Alors la suite sur disque sera forcément difficile. En attendant, le groupe continue de latter avec énergie tous ceux qui se mettent en face d'eux sur scène. Une année qui commence pas mal avec cet impressionnant concert.

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