samedi 27 juillet 2013

Pacific Rim de Guillermo del Toro

Parce que je suis aussi feignant que lui, je vais écrire autant de lignes que Guillermo del Toro en a rédigées pour le scénario de son nouveau film de science-fiction, Pacific Rim...

mardi 23 juillet 2013

KING MIDAS SOUND - Aroo

Sorti pour le Record Store Day, Aroo est le premier extrait de ce que l'on peut attendre d'un prochain King Midas Sound. L'annonce de la sortie de ce court 12" a d'ailleurs servi de prétexte à Ninja Tune pour officialiser la signature (c'était pourtant le projet initial lorsque le nom a commencé à circuler vers 2006-7) et annoncer qu'un second album était en préparation. Depuis, le groupe a enclenché les freins, Martin décidant de mettre un terme à son nouveau Bug avant tout autre chose.
Aroo - le disque - est surtout le témoignage de ce que le groupe est actuellement. Deux morceaux (dont un décliné en instrumentale) diamétralement opposés se répondent. Sur une première face, Aroo - le titre - est le morceau le plus vif et bruyant que KMS ait enregistré, mélange de boite à rythme martelante, de petites notes de xylophone électronique et de déflagration de bruit blanc sur la ligne de basse la plus rock que Martin ait produit depuis la fin de GOD. Kiki Hitomi gagne en charisme, en présence, passant de la collaboratrice discrète à une réelle incarnation vocale, à l'identité forte, puissante. Elle habite à merveille ce morceau qu'on se repasse comme un mantra qu'on aimerait plus long. Sur la face B, Funny Love prend l'exact contre-pied. C'est Roger Robinson qui mène le titre de sa voix singulière, féminine, totalement dénué de beat et se basant sur d'épaisses nappes gonflées de reverb qui évoquent facilement la clique Basic Channel. Funny Love sonne comme une superbe complainte mélancolique chantée dans une cité vide, aux pads résonnants comme autant de souffles s'engouffrant contre les vitres de batîments abandonnés. Après le morceau titre, c'est l'hydrocution sonique; un contraste fascinant.

lundi 1 juillet 2013

Man of Steel de Zack Snyder

Quelle lourde tâche que de ressusciter Superman après ce que Bryan Singer lui a infligé en 2006. Celui à qui l'on devait déjà les deux premiers X-Men (et qui va revenir aux affaires en 2014 avec le prochain volet de la saga) avait pondu une merde sans égale (tout ceux qui l'ont vu se souviennent des insupportables cabotinages de Kevin Spacey...), d'une béance intellectuelle remarquable, plombant la possibilité de tirer du comic une nouvelle saga. Car en plus d'être un navet de premier ordre, les résultats du films ne furent pas à la hauteur de l'investissement des studios (le film n'a même pas rapporté 400 millions de dollars à travers le monde pour un budget titanesque de 270 millions...). 

Voilà donc le projet repris en des mains plus fermes, celles de la clique Nolan, ce très cher Christopher se chargeant de superviser la production mais aussi le scénario, délaissant la réalisation à l'esthète Zack Snyder, dont la maîtrise technique sur Watchmen ou 300 avait fait sensation. On a presque ce qui se fait de mieux dans le blockbuster hollywoodien contemporain. Un maître auréolé du succès de sa trilogie Batman, accompagné de son scénariste sur la saga, David S. Goyer, et un réalisateur capable de proposer des performances visuelles sans commune mesure. Niveau casting, Brandon Routh a logiquement été prié d'aller reprendre quelques cours de comédie et c'est le sémillant Henry Cavill qui touche enfin le Graal, lui qui avait été pressenti pour tenir le rôle du superhéros dans le précédent opus (sans regrets aux vues du résultat...). 

L'objectif est ainsi clair dès le départ : récupérer une franchise, la débarrasser de ses oripeaux kitchs et la ramener dans une veine résolument réaliste, dans le sillage donc de ce qu'a pu faire Nolan avec la saga Batman. L'entreprise colle à notre époque : le refus de l'irréalisme, le refus du fantastique en cela qu'il est la construction d'un contre-monde, la volonté farouche d'être dans notre temps quite à faire de l'uchronie en permanence plutôt que de créer des univers parallèles détachés de toute temporalité. Au débarras les artefacts qui accompagnent le héros dans ses aventures livresques : pas de kryptonite, pas de Lex Luthor, pas de slip rouge et pas de collant... L'heure est à la combinaison moulante à fleur de couilles mais qui, justement, respire les bourses fumantes et ne laisse pas paraître un poil de féminité.

La semonce réaliste est à la fois scénaristique et esthétique. D'une part, D.S. Goyer (quand on pense que ce mec a écrit Dark City... pff...) s'acharne à insuffler une identité toute américaine à son personnage : clin d'oeil à l'histoire du Kansas, Kent pêcheur, Kent serveur, Kent ceci, Kent cela... C'est parfois à la limite du républicanisme le plus primaire, mais bon, il fallait faire de cet homme venu d'ailleurs un parfait souchien, parabole de la réussite du système d'immigration étatsuniens certainement (et dire que Cavill est anglais... trahison !)... 

D'autre part, on a de quoi s'étonner des partis pris esthétiques de Snyder. Alors qu'on frôle le baroque lorsqu'il s'agit de filmer la mort de Krypton, quelque part entre du sous Avatar et du Riddick arrangé au compositing (merci Thomas pour la comparaison), la moulinette s'emmêle et on oscille entre néo réalisme aronofskyien genre The Wrestler (lumière moins blanche quand même), parkinsonnisme incompréhensible façon Michael Bay, zoom intempestif à la sauce Bigelow et quasi-mysticisme pastel en mode Terrence Malick mineur. Farouchement pour le mélange des genres, là j'ai pas tout compris... 

M'enfin passons... L'esthétique, après tout, si elle manque de cohérence, si elle passe de Star Trek aux Démons du maïs en trois plans, ça n'empêche pas toujours de suivre ce qui se passe. Encore eut-il fallu qu'il se passe quelque chose. Car oui, 2h20 c'est long, c'est même une gageur lorsqu'on assiste à une explication de texte et à la négation en bonne et due forme du sous-texte. Horriblement explicatif, Man of Steel se perd dans des déballages longs et monotones qui tuent avec hardiesse le moindre sous-entendu. C'est une nouvelle forme de cinéma vérité : tout est expliqué dans les moindres détails, refusant le petit bout de chemin que Voltaire voulait laisser au lecteur (ici spectateur) pour qu'il puisse faire lui aussi oeuvre de réflexion/fiction. Il n'y a plus l'ombre d'un mystère : les explications données par Russel Crowe, celles données par Kevin Costner sont d'un ennui à crever tant le mythe est éculé et tant elles font miroir. Il y a une horrible et insoutenable envie de tout dire qui plombe chaque dialogue, qui ne nous laisse aucune place. 

Car entre ces scènes sans majesté, il y a d'ébouriffantes séquences d'action. Un matraquage virtuel de grande qualité mais qui donne un mal de crâne que vous ne souhaiteriez à personne. Une lobotomie dans les règles de l'art. Une enfilade de grands effets qui ne racontent, au final, rien, et qui ne font que remuer des plaies dont l'Amérique, avec un sens manifeste du masochisme, ne cesse de contempler : énième redite du 11 septembre avec tous ces avions qui viennent percuter des tours qui s'effondre dans Metropolis ; une petite tornade, à l'image de celles que les Etats-Unis ont connu ces dernières années, particulièrement violentes et ravageuses ; une plate-forme offshore qui part en fumée, rappelant là encore le drame Deepwater horizon dans le Golfe du Mexique... 

C'est barbant. D'autant plus que le scénario, cette trame de fond, fait étrangement écho avec un grandiloquent navet sorti il n'y a pas si longtemps. Thor, vous vous souvenez ? L'histoire d'un mec avec des super pouvoirs qui se retrouvent sur la Terre et que ses potes assez vilains viennent chercher en menaçant au passage de détruire notre planète... Bis repetitas : menace extraterrestre, risque éminent de destruction de la Terre, inlassables séquences d'action où nous n'existons pas... C'est pénible. On enchaîne ?