mercredi 26 juin 2013

PSYCHE/BFC - Elements 1989-1990

Psyche/BFC sont des alias de Carl Craig sur ses tous premiers projets qu'il avait pondu dans sa chambre il y a plus de 20 piges de cela. Les quelques disques sortis furent compilés dans les années 90 sur une édition CD comprenant l'intégralité des travaux sous ces pseudos. Le dit Compact Disc était devenu un objet bien difficile à dégoter à des prix décents, aussi, l'annonce de leur mise à jour sur le label Planet E fut un beau projet. Seulement voilà, cette réédition est un scandale ! Mis en vente sur le web sans aucun tracklisting communiqué dans un premier temps, le label a sorti la carte de l'inédit venant compléter l'objet comme une sorte de collection définitive et indispensable. Triple vinyle, on s'attendait quand même a recevoir un objet complet et de qualité. Et bien pas du tout. Planet E se fout royalement de la gueule du monde avec cette sortie boiteuse et empestant la fumisterie. L'édition triple LPs ne sert strictement à rien si ce n'est de pousser l'auditeur à se lever 5 fois pour changer de face et de disque. Les morceaux sont étalés sur des disques en 45 et 33 tours, mais la qualité de pressage n'est même pas remarquable - je resterais prudent sur ce point, mais il semble même que certains morceaux souffrent d'un pressage particulièrement douteux en fin de face, chose qui est largement discutable pour un label techno, soit le genre qui a défendu la qualité et assuré la survie du vinyle. Surtout, les bonus ne viendront pas faire oublier que le tracklisting est totalement incomplet. Il manque par exemple l'extraordinaire "Please Stand By", sublime morceau que l'on peut retrouver sur quelques compilations pointues (comme sur le double ATP d'Autechre). Ca devient d'autant plus fâcheux que les notes intérieurs nous parlent de la genèse du morceau au même titre que ceux présents sur la compilation. Enfin, une version digitale du triple album a été mise en vente comprenant, elle, l'intégralité des morceaux - soit 4 de plus ! Mais ... mais... quelle est la logique du label aujourd'hui de publier ça ? Quel est l'intérêt de sortir des objets boiteux, chers (comptez dans les 25-30€ selon les revendeurs) et incomplet en osant proposer des version digitales en béton derrière ? C'est comme ça que Planet E défend le vinyle aujourd'hui ? On sait que le marché est fragile, que les vendeurs sont inquiets de voir les prix s'envoler car les grosses maisons de disques comme les plus petits labels, voyant la courbe de vente du disque noir monter, profite de l'occasion pour publier des disques extrêmement chers sous couvert de versions limitées et collectors. On sait que si les bobos se déplacent au disquaire day ils ne sortent pas de chez eux les 364 autres jours de l'année pour acheter des disques, que la tendance risque de s'inverser si les prix continuent de grimper. Planet E qui devrait montrer l'exemple (car encore une fois, c'est un label techno jusque là très respectable donc à la culture vinyle importante) publie donc un objet scandaleux, onéreux et incarnant la plus cynique vision artistique. Quand les ventes de disques vont rechuter, les labels moyens seront les premiers à pleurer l'hémorragie d'acheteurs. Il faudra se féliciter de ceux qui se sont moqués des consommateurs ? Rarement un disque ne m'aura donner l'impression de se moquer autant de ceux qui passeront à la caisse. Le pire c'est que la musique est bien entendu remarquable. Craig confectionne dans son petit home studio une techno rudimentaire mais ambitieuse. De Psyche, on restera admiratif de ces magnifiques nappes guidées par des 808 et 909 typiques mais survoltées, tandis que le traitement du son est sublimé par les breakbeat quasi hardcore de BFC, plus urbain et onirique. Mais la forme prend le dessus sur le fond, ce qui est regrettable : cette compilation qu'on aurait aimé défendre est un glaviot qui résume avec sarcasme ce qu'il se passe progressivement dans les bacs à disques.

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