lundi 14 janvier 2013

BATTLE BOX 001

Après Heligoland, les mecs de Massive, visiblement apte à travailler à nouveau ensemble et promettant une cadence nouvelle pensaient pouvoir sortir un nouvel album dans la foulée (comprendre: dans la décennie). Pour le moment, rien à signaler du côté de Bristol, quelques photos dont une de 3D et Tricky, fraichement réconciliés autour d'un laptop dans l'appart parisien du boxeur étant à peu près les seuls éléments qui ont prouvé l'activité du pseudo groupe. C'est finalement un autre duo découlant effectivement du dernier album de MA qui fait office de signe de vie: Del Naja et Garvey. Battle Box est un premier chapitre d'un projet multi-facette, voulant lier évènements et sorties vinyles. Si le disque avait été signé directement Massive (dans les faits, le truc en est quasi un) probablement qu'il serait déjà sold out - les mauvaises langues diront que c'est surtout l'effet Burial leur assure de faire encore un "sold out" en moins de 24 heures actuellement, mais au vu des prix proposés pour mettre la main sur Splitting The ATom, on en sera pas si sur. Mais en loucedé, comme ça, tout le monde s'en fout.
Del Naja propose le projet comme une version moderne des débuts du groupe, chargé en basse et aventureux. Si on passera rapidement sur la face B, remix sans conviction de l'autre face, on croche nettement plus sur ce premier morceau aux basses baveuses et électroniques, soutenus par les mêmes percussions orientales et coups de caisses claires tribales qui lacéraient déjà Inertia Creep ou, plus proche, Atlas Air. Garvey s'emballe bien plus que sur Flat Of The Blade et offre au morceau un côté Peter Gabriel plutôt agréable.

mardi 8 janvier 2013

Maniac de Franck Khalfoun

Comme il en a maintenant l'habitude, Alexandre Aja remake à tour de bras les classiques des années 80, tantôt en tant que producteur (Maniac, donc), tantôt en tant que réalisateur (La colline a des yeux). Il délègue donc la reprise du classique de William Lustig à son comparse Franck Khalfoun, dont il avait déjà produit le précédent film, à savoir le très mauvais 2e sous-sol. On retrouve au casting de cette "redite", Elijah Wood, qu'on aurait eu plaisir à voir autrement qu'en Hobbit si le film nous avait donné l'occasion de le voir, et Nora Arnezeder, que l'on avait vu, mais pas retenu, dans Faubourg 36 de Christophe Barratier (Les Choristes).

Gageons que le pari était doublement audacieux. Aja et Khalfoun se mesuraient là à un monument du film d'angoisse, devenu légendaire et, pour les puristes, intouchable. Il fallait donc proposer une relecture audacieuse du thriller de l'époque, et c'est vers une mise en scène sophistiquée que les deux hommes se sont tournés. Ils ont choisi, et c'est tout à leur honneur, de passer la quasi totalité du récit à l'intérieur de la tête du serial killer. Presque tout le film, est vu à travers les yeux d'Elijah Wood, qui apparaît donc très rarement à l'écran et par le biais de système de miroirs parfois bien tirés par les cheveux.

Toutefois, notons la souplesse de la réalisation. Les plans séquences proposés par le duo sont amples et particulièrement travaillés, offrant de belles prises de vue, et se jouant de l'espace avec finesse. Las, le film tourne malheureusement, et c'est la faute de son système, à une démonstration sans âme et sans chaleur, dont la froideur n'a d'égal que l'absence souveraine d'angoisse. Emprisonné dans le regard de Wood, la caméra est dénuée de toute capacité émotive. Les frissons n'existent pas car l'absence-présence du serial killer tourne toujours à vide : en se privant du tueur à l'écran, c'est toute la peur et les possibilités qui l'entourent qui sont annihilées.

D'autre part, les réalisateurs-producteurs sont très souvent confrontés à d'autres limites de leur dispositif. Comment justifier ainsi, les quelques sorties que se permet la caméra ? Car oui, le film est "quasi" ou "presque" entièrement en visée subjective. A certains moments, nous ne sommes plus dans la tête de Wood mais bien à côté de lui, la caméra retrouvant une fonction accompagnatrice qui ne sert absolument pas une quelconque idée de schizophrénie latente. Car cette idée de dédoublement, Aja et Khalfoun ont décidé de la transmettre par l'omniprésente voix off, terriblement surchargée de didactisme. C'est par son biais, et par le biais des hallucinations du tueur, que l'on apprend les motivations de ce dernier. Voilà encore une belle déconvenue. Empressés à vouloir tout justifier, les deux hommes n'ont rien trouvé de plus stupide qu'un racoleur complexe d'Œdipe mal digéré...

On retiendra un plan, beau et bien fait, celui du parking, où Elijah Wood, planqué sous une voiture sectionne le tendon d'une jeune femme qui passe. Le reste n'est qu'une démonstration de conduite de plan en steady cam ou en dolly, dépourvue d'humanité mais chargé d'un énervant et ridicule apitoiement d'impuissance.