mercredi 19 décembre 2012

Jean-Luc Godard, "Politique"

A quelques jours de Noël, on vous fait notre liste de cadeaux... Et le coffret DVD pour le moins indispensable en cette fin d'année 2012 c'est celui consacré à la période militante - et même profondément militante - de Jean-Luc Godard. Curieusement édité par Gaumont, qui s'est visiblement fait une spécialité d'acheter les filmographies de cinéastes engagés pour en faire des coffrets de Noël après la parution il y a quelques années d'un coffret anthologique consacré à Guy Debord, l'objet réunit treize films d'une période faste du réalisateur helvète, couvrant les années 1967 à 1976 plus Soft and Hard (1985) et Film Socialiste (2010).

De La Chinoise, film qui voit naître les mouvements marxiste-léninistes qui déboucheront par capillarité sur mai 68 (sans pour autant que Godard n'anticipe cette révolte) à Luttes en Italie qui tente de comprendre les représentations du monde d'une jeune militante en Italie, en interrogeant à la fois ses aspirations théoriques et ses pratiques quotidiennes d'après les écrits d'Althusser, "JLG Politique" parcourt l'histoire de la gauche dans ce qu'elle a de plus vindicative et dans toute son appréhension de l'image comme média culturel alternatif possible. Car qu'on aime ou pas Godard, force est de constater que son cinéma a interrogé les contradictions de l'image et du militantisme et a tenté, dans cette période où il fait parti du Groupe Dziga Vertov avec Jean-Pierre Gorin, de faire sortir le spectateur de son fauteuil cossu, de l'imprégner d'une nouvelle façon de percevoir et de réfléchir le cinéma. On ne regrettera donc pas de voir ici réunies des pièces aussi rares que Pravda, British Sounds ou Le Gai Savoir, qui ont souvent en commun d'avoir été censurées à l'époque où elles ont été faites alors qu'il s'agissait là de films de commande (l'ORTF, LWT ou la RAI). 

Entre défiance, provocation et didactisme, ces oeuvres ont tenté de bouleverser la culture de gauche en disséquant ses principes idéologiques et pratiques, en questionnant son rapport à l'art, en remettant le spectateur au centre du processus de création de savoir, fortement inspiré par le théâtre de Brecht. Un coffret indispensable on vous dit. 

Aucun commentaire: