mardi 2 octobre 2012

BLUT AUS NORD - 777 Cosmosophy

Et voilà donc le troisième et dernier chapitre de la trilogie BAN, commencée il y a un peu plus d'un an avec Sect(s), suivi de Desanctification. Globalement cette aventure s'écoute avec plaisir car Blut Aus Nord n'a pas chômé pour faire briller sa saga, et cette conclusion est une magnifique touche finale. On sait que le projet devrait découler sur 777, qui devrait normalement s'orienter sur des musiques plus axées sur le groove, le beat (hip hop, dub...). Pourtant, si les deux volumes précédents pouvaient laisser entendre un lien avec cette supposée suite, Cosmosophy ne laisse rien deviner quant à cette situation. Ce troisième volume est néanmoins celui de l'accessibilité, de la main tendue. De la lumière serait-on tenté de dire. La pochette est presque blanche. Mais elle est aussi en train de se faire dévorer par une masse informe et organique : reste toujours les voix de zombies et la boite à rythme, toujours increvable, toujours épuisante, qu'on retrouve presque comme une vielle copine à qui on a surtout envie de demander de fermer sa gueule. L'électronique s'impose un peu plus aussi. Sur le deuxième morceau, l'intro se fait en cliquetis digitaux et la fermeture également, trempée dans d'épaisses ondes carrées distordues. La conclusion du disque, et donc de la trilogie, est elle menée glorieusement par un beat qui fait songer aux massives rythmiques inondant Birmingham dans les années 90, avec une sorte de gloire débordante en plus. Mais là où on attendait pas forcément BAN, c'est sur les deux écarts improbables que l'entité dévoile sur ce Cosmosophy. D'un côté, et c'est bien là le plus étonnant, un passage que nous ne qualifierons pas de rap mais plus raisonnablement de spoken word (même si Vindsval causait Kabal dans New Noise il y a quelques mois). Essai court et unique, mais audacieux. En français de surcroît (l'ajout de texte dans le boitier n'était pas nécessaire par contre...). L'autre surprise c'est que si on s'attendait à voir Blut Aus Nord devenir un Pitchshifter moderne et BxM, on ne s'attendait pas à le(s) voir jouer une musique oscillant quelque part entre le gothique et le grunge. Avec ses apparitions de voix claires, éclatantes, on songe (facilement) à Ulver et sa grandiloquence vocale avérée. Couplé aux guitares et au son de mort de la batterie, on est en plein dans ce que le groupe norvégien n'a jamais été (transition nettement plus franche chez ces derniers), ou n'a jamais pris le temps d'être. Les guitares justement. Le point peut-être le plus important de ce disque. BAN a exclu ici les parties extrêmement complexes de MoRT et les constructions à rallonge pour se concentrer sur de courtes phrases (tout est relatif), aux motifs arpégés ou aux nappes évolutives, mais toujours mélodiques. La laideur revendiqué jadis est ici complètement proscrite et chaque riff s'impose par sa puissance, par sa brillance. De plus, ce qui avait été esquissé sur le très énigmatique troisième morceau du volume précédent trouve ici son déploiement totale - notamment ici aussi sur le troisième morceau et sa superbe introduction en arpège: les 6 cordes sont gavées d'effet, de chorus, de phaser, leur donnant un ton définitivement 90's voir grunge-donc. Difficile de ne pas penser à Alice in Chains, ou à Seattle - pour voir plus large; voir même à Type O' Negative à l'écoute de ces guitares transformées, méconnaissables.

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