mardi 25 septembre 2012

OM - Advaitic songs

Comme des idiots, on avait pensé que le metal s'était finalement fait une petite place au soleil, que le metalleux n'était plus seulement perçu comme ce type en noir un peu odorant et un peu bruyant mais qu'il pouvait être aussi ce type qui écoute SunnO))) et Earth, qui aurait peut-être lu McCarthy et tout le bordel qui va avec. Bref, le metal n'était plus synonyme de musique de niche pour gazier un peu lourd mais aussi un terreau de gens cultivés et potentiellement intéressant. Ca avait commencé mollement via le Wire (soyons honnête : ce magazine est avant tout une publication dédiée au jazz et aux musiques improvisées), très mollement. Progressivement. Si bien que quoi qu'on en dise, en 2005, lorsque la bande d'Anderson et SOMA est venu faire trembler les murs du nouveau casino, y avait assez peu de petites lunettes mais plutôt quelques crinières assez éparpillé, dont une paire de bonshommes en totale souffrance affalé sur le sol. Très loin du parterre médusé devant le mur d'amplis à la Villette ou en train d'essayer de chopper des places devant le point FMR pour une soirée archi-complète quelques années plus tard. La presse a essayé de rattraper le coup durant ses dernières années, via les inrocks ou même tsugi/trax, vantant les mérites du doom (avec des articles parfois totalement foireux, se moquant visiblement bien des noms exacts des mecs ou de leur place au sein du groupe dont il est question, puisqu'ils demeurent avant tout des connards encapuchonnés) et de Southern Lord. Internet est pourtant un outil utile mais visiblement peu consulté : rendez vous sur le site de Rate Your Music et regardez les classements des meilleurs albums par an. Il n'y a pratiquement aucune année qui n'aligne pas des sorties metal dans les 20 premiers du classement depuis plus de 20 piges. C'est le client qui cause là. Idem chez les mecs des très respectés sites comme Fact, Quietus ou Pitchfork qui placent sans hésiter des Godflesh, des Neurosis, des Earth dans les meilleurs albums de tous les temps/ des années 90/ des 6 derniers mois/ depuis la naissance de ma petite nièce... Alors en pleine période sainte pour le metal, voilà que Libé vient foutre les pieds dans le plat en saccageant tout ce joli taff avec un article sur Om. Fini les tentatives de compréhensions et d'assimilation, ici on fait une distinction, subtile, avec des petites formules comme "Om (...) s'éloigne du simple metal", ou encore, parlant du groupe suite au départ de Chris Hakius "qu'on a sans regret pensé éteint il y a cinq ans", le duo/collectif devenant alors une incarnation d'un "autre metal (...) adressé au corps avant tout"- tu as saisis ? Le BON metal ne s'écoute pas. Non, vraiment c'est très décevant. De la part d'une publication qui, il y a 25 ans de cela, laissait une place pour les excellentes chroniques de Didier Lestrade, lire ce genre de formule, entre des petites notes sur le nouveau XX (super), le rerererereretour de Patti Smith (génial) et l'énième album coloré d'Animal Collective (trop lol) c'est pas propre... Surtout que ce disque, au final, est probablement ce qu'Om a enregistré de plus puissant et de plus passionnant depuis At Giza (sur le second LP), décuplant encore sa force d'évocation mystique avec une orchestration toujours plus lumineuse et mené impeccablement par les superbes lignes de basses venimeuses de Cisneros. Dans sa démarche, Om s'éloigne du Sleep ressuscité pour sonner comme une version rock de Muslimgauze (la fascination pour l'islam et le monde musulman, quasi exotique). Néanmoins, après gebel barkal, toujours pas de dub. On aurait pu y croire : l'album était en exclusivité au Souffle Continu (eux aussi, ils pourraient en raconter des bonnes sur les journalistes, qui viennent leur poser des questions minables une fois par an pour le "disquaire day") avec un mix-CDr de Cisneros. Dedans : que du vieux reggae. Autant dire que les metalleux faisaent la gueule.

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