vendredi 13 juillet 2012

EL-P - Cancer 4 Cure

Jaime fonce, toujours fier, les lunettes bien chaussées sur son groin, la casquette toujours posé avec nonchalance et élégance toute New Yorkaise, inclinée, sur le point de chuter. Le mec le sait, il en a un peu chié pour retrouver la magie de son Cold Vein quand il a fait croire à ce type d'Atlanta qu'il allait pouvoir lui produire correctement son disque. C'était un mensonge. Parce que Jaime est un mec malin, il a gardé ses meilleurs recettes pour ses propres publications. Sur sa voiture volante avec les jantes parallèles au bitume, il fend l'air, secouant la tête en se passant un vieux disque de Mantronix. Puis il veut faire le point et s'enquille ses derniers beats, fraichement agrémenté de ses enregistrements vocaux, réalisés avec son armée de nouveaux potes, notamment ce type d'Atlanta qu'il a entubé. Il reçoit un coup de fil d'Aesop Rock juste avant d'enfourner le CD dans le lecteur de son véhicule mais ne décroche pas: après tout, il est en train de conduire. Déjà que ça le fait souffrir de prendre les appels de son pote Justin, il ne va quand même pas commencer à causer à tous ses frères qui ont décidé de raccrocher quelques temps avant de remettre ça. Merde. Melline grille un feu: il avait oublié la beigne qu'il pose dès le début du disque, avec son entrée presque big beat (de quoi ??) genre guerre-feu-village après avoir caler le "storm the studio" qu'il avait entendu chez Dangers. Il est fier et il a de quoi. Il se dit qu'aucun groupe de rock, même ses potes de Mars Volta ne sont capable de poser une intro de disque aussi efficace aujourd'hui. D'ailleurs il a demandé au mec qui tapait sur les claviers, fraichement libéré de la folie du duo Rodriguez/Bixler-Zavala de faire un petit truc vers la fin de son morceau. Il aimerait se jeter des fleurs mais ça risque d'en foutre plein la banquette arrière. Il sait que si des flics le voient passer à cette vitesse dans ce coin, son permis saute. Mais il s'enflamme, content de son travail qui hurle dans la sono de son bolide. Il se surprend tout de même a avoir viré toute forme de subtilité qu'il avait encore pu laisser trainer çà et là. Il arrive à son 8ème morceau, l'impression que sa voiture volante est désormais un vaisseau que rien n'arrête, capable de traverser toutes les galaxies connues en 49 minutes et 12 secondes. Les kicks sont tellement nerveux qu'il commence à sentir la fatigue dans ses oreilles. Heureusement, il sait que vers la fin, il a invité un pote à couiner, genre "comme une pause". Il a déjà joué ce morceau avec ses potes sur un plateau télé et le résultat est sans appel: depuis qu'il ne fabrique plus tout ça avec son seul séquenceur, ses prestations ont l'air d'un truc hyper chiadé et orchestré. Oui, avec ses prods un rien fatigante, de boom boom écrasant et de synthé de l'espace,  tous ses potes qui font semblant de jouer un intrument, El-P a finalement réussi ce truc qu'il avait entreprit il y a déjà 10 ans avec "Fan Dam": faire du rock sans en avoir l'air. Sauf que Jaime redescend. Il n'est sur aucune autoroute galactique,  il est dans sa chambre et ce truc qui fume dans sa main est légèrement trop puissant pour lui.

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