lundi 17 octobre 2011

NOOTHGRUSH- Failing early, failing often

On en oublierait presque que le Sludge s'est notamment fait connaître par des formations fascinées par les tueurs en série, les comics d'horreur et films gore, à l'instar de Church Of Misery ou Acid Bath pour n'en citer que deux, et que la violence sonore était parfois plus recherchée que le psychédélisme de la lenteur totale de ce genre. Fut donc une époque où ce hardcore noise vénéneux était synonyme d'horreur sonore (pour aller vite et dans le contexte) avant de devenir la spécialité de tous les fans de Neurosis se cherchant un salut dans l'incapacité technique. Noothgrush est un groupe un peu plus discret que les poids lourds du genre (comprendre que là où Eyehategod remplissait un bar de la Nouvelle Orléans au top de leur succès, Noothgrush devait faire sale comble, au mieux, dans leur garage), et à ce titre totalement emblématique. Un peu comme Iron Monkey, valeur sure un peu plus discrète. Si il n'était pas difficile de dégoter un disque de Noothgrush au début de ce siècle, les différentes sources se sont progressivement taris au point que se procurer légalement une galette du groupe était devenue une mission des plus difficile. Emetic ressort donc en double LP/CD cette grosse compilation qui regroupe des enregistrements étalés sur deux ans (95-97), et initialement publiés sur des compilations, des splits, et autres 7". Le groupe californien a connu, comme d'autres, de nombreux changement de line up, mais s'avéra nettement moins consanguin que leur pote plus au sud (NoLa), puisque les membres eurent par la suite des trajectoires bien différents: l'ancien guitariste participa à Exhumed pendant que la batteuse frappa les peaux aussi bien chez Amber Asylum (sorti chez Neurot si je ne m'abuse) que Graves at sea ( nettement plus anecdotique, mais sur le même label).
Du sludge donc, qui s'est illustré avec les plus grands (comme quoi, la consanguinité reste relative): les fous furieux de Sloth, ou les princes de la lourdeur Japonaise Corrupted-par exemple. Loin de l'époque où les formations de tatoués se retrouvaient signées à tour de bras chez relapse et envoyées en studio grand luxe sans avoir rien à y foutre si ce n'est de lire tout Lovecraft en attendant son tour, Noothgrush a ce petit goût si appréciable des formations première giclée, era 90's, entre amateurisme totale dans la production, maîtrise totale de la lourdeur en amont -comprendre: la guitare ramone dans le bas, et rage dégueulante de chaque coté des enceintes. On songe rapidement aux excellents Toadliquor en plus propre, à Grief, ou même à Eyehategod pour sa rage quasi punk glaviotante, bien que le minimalisme de la formation (un trio) se ressente bien et marque une vraie différence. Pour tous les fanatiques adorateurs de sludge old school, cette compilation à nouveau disponible est un indispensable, et permet de (re)plonger dans cette scène passionnante d'une époque malheureusement révolue où la crasse débordait des enregistrements de ces groupes inventifs et franchement dégueulasses.

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