lundi 5 septembre 2011

The Divide de Xavier Gens

L'Etrange Festival s'est ouvert le 2 septembre dernier et ouvre, comme tous les ans, les festivités cinématographiques de la rentrée. C'est l'occasion de faire le tour des curiosités du monde entier, de découvrir des choses visuelles iconoclastes, de dévorer de bons vieux crus restaurés... Bref, l'Etrange Festival est incontournable à Paris pour qui cherche de la bizarrerie et un peu d'audace sur grand écran.

L'audace, ce n'est pourtant pas vraiment ce qui qualifie le film d'ouverture, The Divide de Xavier Gens, présenté en avant première française. Xavier Gens est un jeune réalisateur qu'on a très vite surcôté parce qu'il a été propulsé comme le tenant du nouveau cinéma de genre français lors de la sortie du médiocre Frontière(s) en 2008. Aussi parce que dans le même temps il tournait déjà aux USA une adaptation de jeu vidéo, le non moins mauvais Hitman avec Timothy Olyphant (mais là c'est la faute des studios). On se demande donc pourquoi The Divide apparaît ici, à l'Etrange, qui plus est en ouverture de festival...

La réponse ne vient jamais vraiment. The Divide raconte une fin du monde nucléaire: une attaque est lancée sur une ville qu'on suppose être New York, plusieurs individus se retrouvent enfermés dans la cave de leur immeuble, ne pouvant en sortir. Les personnalités de chacun vont peu à peu s'affirmer et s'animaliser, la bestialité conduisant à l’obscénité, la violence et autres logiques claniques qu'on pourrait associer au monde animal.

Dans un décors en carton pâte on observe ces quelques survivants s'avilirent jusqu'à plus soif, débiter quelques méchancetés toute faites. Les cadres sont sans réelle personnalité, tout comme le choix de ce jaune fiévreux qu'on avait déjà vu dans Frontière(s) et tant d'autres films border line avant. Non, The Divine ne propose strictement rien de neuf, au contraire. Gens fonce tête baissée dans la tendance trashporn en multipliant les excès sadiques et pervers. Le tout dans un symbolisme banal.

Cette attaque nucléaire fait bien évidemment écho aux attentats du 11 septembre; le personnage de Mickey étant d'ailleurs un ancien pompier ayant oeuvré dans les décombres des Twin Towers, nourrissant par ailleurs une certaine xénophobie. L'antiracisme, thème fétiche du réalisateur, déjà central dans Frontière(s), remplit tous les critères du film américain classique: un acteur noir, un acteur (au nom italien IRL) légèrement basané, des prénoms passe-partout... D'autre part, Gens ne lésine pas sur un féminisme outrancier: toutes les figures masculines périclitent peu à peu. Seule l'héroïne, Eva (drôle comme elle a le même prénom que Eve dans un vieux bouquin avec un mec et un serpent...), garde la tête (et sa coiffure) sur les épaules, maintenant un peu d'humanité dans cette (petite) débauche de sexe, de violence, de bondage, de travestissement et d'alcool.

Toutes les figures masculines s'effondrent et finalement, ne surgit de la merde qu'une femme nouvelle et seule, défaite des chaînes du machisme et de l'asservissement sexuel avec un monde entier à reconstruire. Que c'est lourd et mal écrit. Drôlement réalisé aussi. Car dans ce huis clos, jamais il n'y a la sensation d'étouffement ou de claustrophobie. La faute certainement à des choix plus chic que logique, Gens multipliant les grands angles et les travellings dans tous les sens. Un joli ratage en guise d'ouverture, vite, séance suivante.

Aucun commentaire: