vendredi 7 janvier 2011

Zeitkratzer - Alvin Lucier

Suite à la magie que recélait l'hommage à Whitehouse, l'interêt porté sur les musiciens et leur catalogue s'est accru. Il sembleraient que leurs travaux hommages s'articulent autour de deux principales branches. L'une des deux est un travail sur certains compositeurs ayant repoussé les limites du son et de la composition, dans une veine dite ''old school''. On englobera les travaux en hommage à James tenney et John Cage, en attendant les sorties sur Morton Feldman et Stockhausen. Ici, Alvin Lucier est au centre des débats. Lucier est un physicien de la musique minimaliste, et a crée une des approches les plus modernes de la musique en déviant du propos originel et en étudiant l'impact des sons sur un espace, mais aussi de l'espace sur le son. Les cinq pièces que nous propose ce disque ont été travaillées live avec la participation d'alvin Lucier lui même qui permet au Zeitkratzer de jouer avec ses propres concepts. Des répétitions de sons, de longs drones, des pianos dissonants et des instruments qui dévient de leur propre création originelle pour user l'auditeur et apporter un impact physique. Pas étonnant que Zeitkratzer s'intéressent aussi aux déviances industrielles qui sont en quelque sorte l'héritage de la musique de Lucier, dans la recherche continuelle d'une transe et surtout du son comme vecteur. Difficile de ne pas théoriser la musique d'Alvin Lucier pour pouvoir en comprendre les tenants et les aboutissants, vu qu'il repousse la vision que nous avons d'une composition musicale. La musique de Lucier vit et revit à travers l'agencement et la disposition des instruments, et leur manière d'interragir. Une étude sur les tempi, sur les arythmies, sur les dissonances, sur les accords et sur la façon dont plusieurs instruments (voire objets) peuvent vivre différents lorsqu'ils sont en présence l'un de l'autre. L'acoustique devient le point central du travail de cet hommage, avec la façon dont un instrument peut réagit à l'introduction d'un nouvel objet et ce dans une pièce qui permet au son de vivre. Douces sonorités religieuses et mantras à la Charlemagne Palestine se mélangent à assauts plus dissonants et volontairement désagréables. On entend quelques éternuements qui donnent à la prestation live des allures de messe. L'interêt des covers prend tout son sens avec Alvin Lucier, qui conceptualisait d'abord sa musique avant d'en créer l'essence. Elle peut donc être soumise à différentes interprétations (dans un pur respect des normes initiales) et se transformer au gré des endroits et des musiciens. Une base fondamentale pour un grand nombre de musiciens plus modernes et de musiques moins exigeantes, notamment le dub (voué à perpétuer une tradition de remix) mais aussi la discographie de Coil qui pousse la composition dans ses retranchements les plus bruts avec le choix de pièces non figées. Analogie qui est loin de paraître incongrue aux vues de ces longs drones inhumains et qui s'auto alimentent rappelant les travaux minutieux de Time Machine. Au final, divers travaux sont ici présentés, qui essayent de synthétiser les différentes expérimentations d'Alvin Lucier, entre compositions strictes et pièces plus libres. Un joli travail de titan encore une fois, qui a inspiré un grand nombre de musiques modernes. On songe alors (pour faire putassier) au DVD de neurosis pour A sun that never sets qui serait une tentative foirée d'occuper justement l'espace différemment grâce à leurs compositions et à la géographie. (Zeitkratzer)

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