dimanche 19 décembre 2010

The Threshold Houseboys Choir - Form Grows Rampant

Christopherson ne souhaitait pas redonner un nouveau Coil sous un autre nom. Avec un profond respect d'archiviste de la mémoire de John Balance il aura donné et commercialisé le plus d'enregistrements possibles de l'entité Coil, mais son travail sous ce nom s'arrêtera là. La deuxième partie de ce bilan 2010 en forme d'hommage à Monsieur Christopherson consiste en son travail solo (toujours avec un Danny Hyde dans l'ombre bien entendu) : The Threshold houseboys choir. Christopherson était fasciné par la Thailande, durant la fin de son existence, et aura participé à divers rituels au point d'en faire sa patrie d'adoption. Form grows rampant se présente sous forme d'un CD+DVD. Vu que le DVD contient la même musique que le cd, on s'attardera surtout sur le contenu global de l'objet. Christoperson nous éclaire la performance en nous contextualisant le tout. Les rituels ''religieux '' présents sur le DVD sont ceux du festival Ginjae dans le sud de la Thailande. Le festival a lieu durant la neuvième pleine lune de l'année, ironie des plus grandes en sachant l'attrait que Balance avait pour la lune et la dénomination de ''moon music'' sur la dernière partie de carrière de Coil. Durant ce festival, pendant une dizaine de jours une série de rituels sont pratiqués pour prévenir l'invasion du monde par les mauvais esprits. Les rituels que l'on peut voir sont ceux de jeunes garçons qui sont pour la plupart dans une transe religieuse effrayante (sans aucun usage de psychotrope ou d'alcool), transe crée par une sorte de shaman. Certes les images ne sont pas des plus délectables, mais il n'existe apparemment aucune douleur et surtout aucun effet qui puisse subsister suite à ces rituels (cicatrices ou autres). Christopherson explique que lui par contre a du être hospitalisé suite à ces évènements, souffrant d'un mal inconnu, diagnostiqué comme une possession d'esprits diaboliques. Sleazy livre une sorte d'objet d'art total et crée une bande originale à ce qu'il a vécu et essaye d'en capter l'essence visuellement et soniquement. Rien de mieux indiqué apparemment que la musique de Christopherson pour traduire l'aspect mystique d'une nouvelle culture et la transe religieuse.

Evidemment, les analogies avec Coil pourront être nombreuses, avec une façon bien retenue d'aborder la mélodie et cette façon de créer des boucles d'une rare mélancolie et de retravailler les morceaux. On pense même d'entrée a la mélodie d'amethyst deceivers, maintes fois reprises et retravaillée pour finir par en perdre son essence primaire. Pourtant Sleazy pousse encore plus loin son travail d'orfèvre de la fin de carrière de coil. Tout d'abord, il travaille de manière entièrement numérique et livre une musique deshumanisée de A à Z, même dans les boucles vocales. Gros dilemme suite à la mort de Balance, Sleazy a decidé de faire l'impasse sur une nouvelle voix et de créer des sortes de boucles vocales qui sont triturées pour les allier de la manière qu'il le souhaite à ses sons. Les morceaux de Form grows rampant sont de lentes processions de boucles qui peut à peu libèrent leur potentiel mélodique en évoluant. La répétition, la transe est une sorte de gourou mécanique qui pousse les créations numériques dans le retranchement du mystique. Threshold houseboys choir est une entité mutante à volonté ethnique, mais pourtant foncièrement robotique. Christopherson tente une dernière fois de s'affranchir de son propre leg en transformant sa propre musique. Un concept en soi même, un projet artistique renouvellé, encore une fois Sleazy semblait avoir beaucoup de choses à nous dire, et d'une si belle façon. Seraient ce les esprits diaboliques qui l'auraient tué ?

1 commentaire:

Yann Swäno a dit…

Cette histoire d'hospitalisation de tonton Sleazy et de possession m'interpelle tout autant que sa mort subite et mystérieuse.