mercredi 22 septembre 2010

Jaga Jazzist - Bananfluer Overalt EP



Avec sûrement l’un des tous meilleurs disques de ce que l’on qualifie de Nü/New/Niou/Electro-Jazz, Jaga Jazzist a changé de statut cette année, passant d’acteur incontournable (et pour cause, signé chez Ninja Tunes) à celui de fer de lance de cette scène au noyau dur scandinave. Bien décidé à conférer à ce One-Armed Bandit le statut qui lui revient, le prestigieux label nous sort ici ce qu’il qualifie de single sous la forme d’un ep, pas nécessairement une démarche qui me plait énormément en général, mais suffisamment étoffée de nouveau matériel pour que l’on s’y attarde. Ce sont en fait pas moins de huit pistes qui sont proposées, toutes issues du dernier opus, mais dont sept sont proposés dans une version inédite, soit de quoi se remettre une bonne rasade de One-Armed Bandit de manière étonnante, pour peur qu’on l’ait écouté. L’excellent Bananflueur Overalt apparait ainsi en trois versions différentes, sa version album, une version éditée au format radio (tard dans la nuit sur Inter) et un Prins Thomas Diskomiks culoté et orgasmique de sonorités chimiques retournant la composition en une tube évoluant vaguement entre dancefloor lounge tamisé et krautrock étoilé de samples du morceau original. C’est bien la surprise de ce cd single en fait, car outre sa durée conséquente, 45 bonnes minutes il est vrai remplies par 2 autres radio edit de Toccata et One-Armed Bandit plaisants à se remettre en tête mais sans grand intérêt placés là, il propose 4 remix audacieux et pas sans risque pour l’image du groupe, même si l’on imagine que ce malheureux disque banané ne s’arrachera pas à Carrefour. Ces versions retournent en fait ce qui était l’évolution principale de One-Armed Bandit en comparaison de ses prédécesseurs, à savoir un retour au jazz en comparaison de What We Must qui avait exploré, un peu vainement disons-le, des sonorités plus electroniques qu’acoustiques. Sauf qu’ici, la chose n’a pas été confiée à n’importe qui et part si loin qu’elle ne met absolument pas en péril la crédibilité de Jaga Jazzist, bien au contraire, marquant le goût du risque et de l’aventure du collectif norvégien. One-Armed Bandit, le titre, en mode Sprutbass mix se voit paré d’une instrumentation intégralement programmée aux sonorités de bandit manchot (comprenez à la 8 bit sauce midi windows 95), comme cela était le cas durant un court instant du titre sur l’album, et cela fonctionne tout à fait. Touch of Evil lui passe à la même moulinette, utilisant des sonorités cependant légèrement plus modernes, gardant sa structure rythmique intégrale mais jouant la carte des surprises sur les timbres très variés. 220V/Spektral lui est plus grossièrement transformé en hit que la french touch la moins inventive n’aurait pas renié, probablement le moins intéressant du disque.Le disque ne sera donc d’un grand intérêt que pour les personnes ayant très bien digéré One Armed Bandit. Découvert en tant que tel, surtout si l’on ne connait pas le groupe, il s’avèrera probablement déroutant au possible, désuet et incohérent. Mieux vaut découvrir les titres dans leurs versions non scalpées, et écouter de l’electro par des spécialistes. L’exercice, même s’il est bien fait, parait plus comme étant un expérimentation malicieuse et sans enjeux des norvégiens, et surprenante.

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