jeudi 3 juin 2010

Nas - Illmatic

Nasir bin Olu Dara Jones, à croire que la majorité des Mc se nomment Jones, d'ou l'intérêt pour eux de prendre un blaze, est aussi New Yorkais. Il est aussi du queensbridge, quartier de Mobb Deep (d'ou la continuité des articles balancés). Issu d'une famille de musiciens, il était destiné à jouer de la trompette avant que finalement son corps en décide autrement. Illmatic est un de ces disques fondateurs du hip hop, qui arrive en pleine effervescence et qui en une durée réduite (moins de 40 minutes) livre une quintessence de ce que fera le style de Nas, et surtout son SEUL et unique disque valable. Illmatic c'est d'abord une armada de producteurs maintenant cultes, on pense à Q-tip de A tribe called quest, Large Profesor (oui, encore lui), DJ Premier ou encore Pete Rock. Il en résulte (comme chez Mobb Deep d'ailleurs) des beats secs, en forme de coups sourds, mais réhaussés par des samples jazzy saupoudrés qui accentuent la musicalité de l'oeuvre, piano, cordes, cuivres et se posent en contre pied directs à l'aridité des beats. Musicalement donc, Nas pose sa patte et grandit ses boucles sonores. Son flow, lui est presque condescendant sur ce disque, nous racontant quantités d'histoires avec un impact sur les mots et une dextérité vocale qui rendent la musique humaine et vivante. Nas a des talents indéniables de conteurs sur ce Illmatic et son flow se fait posé, et n'abuse jamais d'une technique ou d'une vitesse pour donner plus de poids aux mots et à son insistance. Queensbridge oblige, le sens des paroles est ghetto, et ce parolier de génie nous emmène lui aussi dans les bas fonds de ce quartier de New York, avec une propension à rester sobre et calme. Nas est une sorte de petit gamin teigneux sur ce Illmatic, renfrogné et détenteurs de vérités. Si l'album en lui même est plutôt court, la durée accentue le coté sans fautes du disques, jamais ennuyeux et la portée de ses morceaux en 1994 sera immense. D'abord il permettra à la scène de Queensbridge de ne plus rester si confidentielle, mais découvrira quantités de talents et créera des vocations (Clipse par exemple). Illmatic est un disque pivot dans cette scène hip hop new yorkaise, le penchant musical du hip hop, fin, jazzy, avec une production chaude et chatoyante. C'est aussi un disque qui explosa dans les charts, et arriva pile au moment de la reprise commerciale du genre, ce qui signa un arrêt de mort pour le jeune MC. Dès son album suivant "It was written" l'inspiration fait largement défaut, sur un disque long, pas forcément jetable, mais ou la tentation du tube, des voix féminines soulful, Lauryn Hill au détour de Silent Murder cramera le MC et l'éloignera de cette production initiale, one shot de génie au final, sur lequel il tentera toute sa carrière de revenir (le risible stillmatic). Lorsque qu'il affirme sur un récent album "Hip hop is dead", il en est lui même son fossoyeur, et Illmatic ce qu'il emportera dans sa tombe, comme un fantastique leg à la musique.

2 commentaires:

Damodafoca a dit…

Très bon disque, oué.. réalisé par une tête de noeud. Dans un entretien tout récent de NTM, les mecs racontent que Nas ne voulait pas que Shen monte dans sa voiture pour le tournage du clip qu'ils ont en commun parce qu'il était blanc- en gros. Aujourd'hui il pose avec les Beastie...

Macho))) a dit…

Ah je pensais que le "remix" d'affirmative action etait justement un remix, qu'ils s'étaient jamais rencontrés quoi.
N'empeche cette chanson sur it was written est une des seules recuperables.