jeudi 20 mai 2010

SNOT-Get Some


Pratiquement tous ceux qui n'étaient pas allergiques au nouveau son californien (Sacramento, Bakersfield toussa) des années 90 se souviennent ému du seul album de Snot (à ce jour). Ranger rapidement dans le même placard que leurs potes de scène, Snot n'avait pourtant strictement rien à voir avec eux. Si comme beaucoup d'autres, l'aspect sympathique de leur musique et franchement inoffensive était partagé, c'est bien là le seul point commun que le groupe au nom le plus crétin de l'époque (même Bloodhound gang n'avait pas osé) pouvait se trouver avec eux. Associé un peu brusquement au néo metal, Snot n'en a pourtant aucun attribut. Pas de fanatiques de la 7 cordes et du multi effet, ni de la basse désaccordée, et encore moins de samples, de scratch ou de la moindre trace de hip hop. Plus ou moins descendant des lamentables Ugly Kid Joe (en fait le seul lien est Larkin, premier batteur de Snot) le quintet de Santa Barbara revendique le funk blanc des Beastie Boys, le punk croisé des Bad Brains, et l'influence omniprésente de Suicidal Tendencies. Le mixage de tout cela donne un groupe unique à l'époque. Deux guitaristes plutôt orientés sur la puissance du champs en stéréo, jouant sur l'ampli plutôt que sur la pédale font le gros du travail mélodique, tout en axant le détail de la 6 cordes sur l'utilisation massive de la wahwah, crédibilité funk s'il en est. John "Tumor" Fahnestock n'a rien à voir avec l'ensemble des bassistes avec qui il partage la scène: fanatique de punk, le son qu'il délivre est ample, puissant, et n'est pas sans rappeler les lignes du hardcore américain ou suédois. Musicalement, Snot aurait probablement été totalement anodin sans la présence de Jamie Miller à la batterie. Extrêmement précis, de par un accordage rigoureux de ses toms et une sélection intelligente du kit, Miller étonne. Roulements improbables, groove permanent, capable de couvrir aussi aisément de purs passages de funk psychés que des accélérations punks sans faille, Miller s'impose comme un des architectes principaux de Snot. Mais surtout, ce qui a imposé le groupe fut son chanteur. Lynn Strait alternant récit de société et conneries royales déploie une voix puissante, qui joue dans la même cour qu'un Chris Spencer (pourtant, rien à voir): à mi chemin entre le hurlement et le crie, Strait est toujours dans la capacité de moduler sa voix vers quelque chose de mélodique (essaye de chanter en gueulant toi, voir). Après 3 démos, Snot sort en 97 ce seul album avec ce line up. De façon assez surprenante, le groupe est capable de brasser différents aspects de sa musique sans jamais se dénaturer. Egaré dans le funk instrumental malade, grouillant de couïnements de guitares dilués dans le rythme, les 5 offrent une série de pauses entre ces salves qui savent prendre la forme d'un métal plombé, comme sur l'excellent et très réussi "I jus lie" ou celle d'un punk à moulinets maitrisé, "pointing finger & sing along". Mais définitivement, bien qu'attirant des groupes comme Coal Chamber, Soulfly ou System of a Down, Snot reste seul et éloigné dans ce microcosme. L'ironie crasse et amer de l'histoire, c'est le son d'un terrible accident de voiture qui conclue "Joy Ride", et qui 1 an plus tard, alors que le groupe termine son deuxième album, se métamorphose en tragédie en otant la vie de Strait et de son chien, mascotte et modèle de la pochette de Get Some, entrainant logiquement la fin du groupe, un tribute salement médiocre, un concert (snot alive!) puis une reformation 10 ans après le décès de Strait -avant que le groupe ait eu le temps de traverser les océans, car "vive la fuckin' France, man!". Cette dernière prend d'ailleurs des allures de mauvaises blagues quand, après avoir présenté un nouveau chanteur, les voilà déja avec un nouveau nom (Tons) et les départs du remplaçant, comme celui de Sony Mayo, qui en fait probablement à ce jour le musicien qui a quitté le plus de groupes aux Etats Unis avec Joe Preston: Mayo avait déja quitté Snot en 98, mais aussi Hed PE, Amen, Sevendust, Vanilla Ice ...Entre temps, Doling assura les guitares dans Soulfly, Miller passa aux guitares et aux claviers dans un groupe plus new wave (avec Aimee Echo de Human Waste Project,et Mike Smith, remplaçant de Mayo puis de Borland dans le biscuit mou), the Start; Tumor jouant également dans Amen mais aussi Mothra et Noise Within. A l'écoute des bandes du second album qui ont filtrées à travers les projets posthumes, force est de constater que Snot avait de grandes chances, sans la perte de Strait, de devenir un imposant groupe de punk teigneux. Reste cet album, un peu unique, à qui il manquera toujours une suite, et aussi, surtout, une voix.

1 commentaire:

MattH a dit…

Tu m'as salement donné envie de le réécouter...