mercredi 6 janvier 2010

Throbbing Gristle - Mission of Dead souls (live)

Que peut signifier ce live pour un groupe ayant déjà révolutionné la musique par son apport deshumanisé? Que peut signifier un enregistrement d'un témoignage live d'un groupe ne signifiant clairement plus rien en tant qu'entité. D'un côté un Genesis P Orridge flambant d'égocentrisme et d'égoisme, vivifié par la haine qu'il voue à son ex mie Cosey Fanney Tutti qui vit le réel idylle au côté d'un Chris Carter fleuron de la paix des moeurs, de l'autre un Chritopherson toujours plus attiré par de nouvelles sonorités. Mission of dead souls, comme son titre l'indique est le dernier attentat proféré par les inventeurs du genre industriel. Mission of dead souls, comme l'indique d'ailleurs son artwork, termine la mission, echouée d'ailleurs, raison pour laquelle le groupe cessera d'exister (en plus de ses tensions internes). Il se cache derrière cet opus live l'essence même du groupe, qui maintenant peut se targuer de posséder une bonne quantité d'archives lives. Essence, même pas parceque j'ai visité la majorité des concerts du groupe (j'étais déjà trop vieux à l'époque), mais surtout du au témoignage que nous livre John Savage dans le livret, décrivant la musique ce soir là comme un vortex et nous livrant peut être le plus grand trip report de tous les temps (oui certains habitués de forums concernés peuvent y aller). Et en effet, derrière Mission of dead souls se cache un brulot même de la (non) musique bruitiste, sans aucune concession, sans aucune nuances, bardé de sonorités nauséabondes amplifiées et recouvert d'une masse de cris/vociférations tous plus haineux les uns que les autres. La démonstration en devient documentaire. Du début à la fin de la prestation, Throbbing Gristle joue live d'une manière plus que deshumanisée, avec ses boucles obsédantes (persuasion USA), pointant à l'usine avec autant d'amour qu'un juif pointait à Aushwitz. Pourtant l'ensemble en est que plus maitrisé et le remastering d'une tape initiale en est plutot convainquant (pour les détracteurs vous pourrez toujours nous balancer à la gueule que plus l'enregistrement est dégueu plus les connards dans notre genre s'en délectent). Il faudra tout de même noter la justesse des agencements sonores, justesse des rythmiques, de certaines boucles qui renflent les agressions stridentes d'une sorte de masse vrombissante. Le plus fascinant de Mission of dead souls, c'est que Throbbing Gristle s'est toujours présenté à l'époque comme l'anti musique, avec soi disant aucune maitrise des canons qui en font une. Or, avec le recul du temps, écouter ce cd en 2010 (oui, pour ceux qui ont raté un train) en devient que plus fascinant au vu de l'aspect prophétique du grain, du traitement barbare des instruments à une fin aliénante pour le cerveau. Throbbing gristle va même peut être plus loin que ses suiveurs. Je pense à Whitehouse en tête qui a toujours lutté pour livrer des productions toutes plus frontales les unes que les autres, thématiquement comme soniquement. Pourtant Mission of dead soul c'est d'abord le témoignage de MUSICIENS (oui, si les concernés avaient entendus cette phrase á l'époque, ils se seraient probablement suicidés), mais aussi et surtout le témoignage d'un son qui se fera de plus en plus actuel. Autant certaines de leurs bravoures peuvent paraitre datées (je pense à 20 Jazz funk greats), autant sur ce testament, l'énergie, la vibration les rend encore plus fascinant.

Aucun commentaire: