mardi 24 novembre 2009

BOREDOMS -Super roots 10


Il a vu le soleil, et visiblement, ça lui a non seulement cramer la rétine, mais aussi un morceau du cerveau. Il lève les bras et danse. Sa transe est personnelle, il est désormais seul mais toujours entouré de tambours. Les percussions sont le seul instrument qu'il semble tolérer. Il y'a bien quelques synthés. Plus de guitares, si ce n'est ces manches (?!) qui lui servent ici aussi de percussions. Il ne chante rien, il vocalise; il ne hurle plus, il vocalise. Il n'est plus accompagné d'une chorale monotimbrale (cf. Super roots 9), il vocalise-seul. Il ne sort plus de disques réels, il transe de temps en temps en studio une idée. Une seule à la fois, le bout de cerveau qui reste pourrait mourir d'indigestion. Il a bien compris que son truc n'était plus vraiment le genre à trouver les grâces des fans de Zorn et de metoool evil. Alors il confie sa bande aux mains expertes -ou pas- d'autres qui, comme lui, joue sur la transe, la répétition, ce chamanisme sonore dont il semble bien un des rares représentants suffisament fêlé pour de toute façon probablement tout foutre en l'air un beau jour. Entre son de lazers, nappes cosmiques, embarquements maritime de batterie en raz-de-marrée, il domine un univers que personne d'autres ne peut approcher. Les remixeurs tentent, sans trop de ratés cette fois de suivre. Ils y transforme le son aquatique en une sorte de Funkadelik de Detroit. Sinon, il est un peu seul sur son ile, malgré ses éxécutants, toujours présent. Un caprice? Oui, il y'a 66 batteurs. Un second (caprice)? Oui, il seront 77 l'année suivante. 99 c'était un peu trop. On recoupe à 9. 88 ça se divise bien en revanche. Mais sinon il demeure seul. Sa copine la timbrée? Elle bruite dans OOIOO quand il n'est pas d'humeur. Donc oui, il est seul, il lève les bras seul, il danse comme un crétin, les ampoules aux mains. Il est seul et cintré. Yamatsuka eYe est seul et cintré. Pourvu qu'il le reste.

ps: contrairement à ce qui est dit dans Noise, il existe une version CD de ce disque sur un label japonais. Le format de la pochette limite ainsi la possibilité d'une crise d'epilepsie.

WARP20- recreated


On avait parlé d'un live épique qui ferait sortir Boards of canada de sa cambrousse, il n'en fut rien. On a parlé d'un coffret qu'en fait seul un trader de la city peut se payer. Et 3 volumes issus de cette boi-boite pour les petites ressources. Le premier est une compilation, donc à l'intérêt limité, surtout que les compils pour les 10 ans étaient déja bien fourni (ou est donc "can U relate" de DJ MINK?). Deuxième volume: les reprises du catalogue warp par des artistes Warp. Voyez vous, cette chronique va être courte: c'est raté. A part les deux reprises de LFO qui me paraissent bien foutues (notamment celle de Vibert qui reprend plutot bien "LFO"), le reste est chiant à crever. Le pire? Sans conteste les reprises de Boards Of Canada: sans virer au fanatisme malsain, il me semble que les deux reprises ont raté un aspect essenciel de BoC. Les écossais ont formé leur musique sur l'équation d'un psychédélisme singulier (70's délavé) et un amour du hip hop quasi invisible sur les récentes productions mais qui se justifie largement. Ici, deux reprises plutot folk aéré. Etrange. Ceux qui s'attaquent à AFX ont aussi un soucis de compréhension, et personne (ou presque en fait) ne s'attaque à Autechre. Le reste manque souvent de corps, de substance. Et manque un petit Anti Pop Consortium ou un Battle pour compléter un catalogue qui semble en ruine avec ce triste objet. C'est pourtant un bon label... On attend vraiment les inédits?

MASSIVE ATTACK- Splitting the atom


C'est tombé aujourd'hui, après 3 ans de retard, l'album ne s'appelera pas weather undergound mais heligoland. Et la moitié de l'EP présent ici sera reproduit. Et la pochette sera moins belle que celle-ci. 4 titres, deux fois plus que les ajouts de la compilation de 2006, mais pas de traces de Marrakesh, Dobro etc...soit les morceaux distillés par le groupe depuis une bonne grosse année sur scène. Au sample lointain rapidement ejecté par les claviers, splitting the atom remet au gout du jour le massive en hibernation depuis 98: Daddy G et 3D accompagnés de Horace Andy assurent tous trois les voix. Le beat est dépouillé, simple, handclap et gros kick. Les claviers en contre temps me rappellent les Specials. 3D souffre du même syndrome que Bono: plus il vieilit, plus sa voix semble jeune. A l'inverse, G se creuse encore les cordes vocales pour un corps-à-corps direct avec la basse. Puis Adebimpe de TV on the radio pose tranquilement sur un long morceau à la complexe et progressive construction. Enfin, deux remixes: le premier est tiré d'un titre de l'album, Pysche, interpreté par Martina Topley-Bird, le second une version presque "techno" du morceau d'ouverture des lives du groupe. Psyché est un morceau étonnant grâce à Martina qui lors du refrain file un vertige énorme de par l'incroyable charisme de cette voix qu'on d"écouvrait il y'a déja 15 ans. En téléchargement (berk!) ou pour les plus fortunés, dispo contre la modique somme de 20£ en vinyl.

HYPERDUB- 5 years of hyperdub


Encore une fois, si le dubstep a un gout de crasse sale qui se répand sur la musique électronique des années 2000, Hyperdub semble bien être le représentant le plus fier aujourd'hui en activité. Peut-être même un des labels les plus excitants de musique électronique-tout court. Et la musique délivré par le label est loin des jeunes gens en fluo, tout content, tout heureux qui pullulent et polluent une musique qui ne cesse de sombrer. Chez Hyperdub, on sent comme un héritage de Basic channel, comme une suite logique à ce que fut la techno, avec ces sortis sans concessions, ces artistes qui réclament l'anonymat et qui fuient toute forme médiatique. La preuve? Quand libé veut faire un papier sur eux, la rencontre se fait après un périple laborieux, dans une cave d'un club en fin de vie. Pas à la "fabric" ou au rex club en somme. La crasse, elle est liée à la géographie-même du label: Brixton. Le sud de Londres. Je ne sais pas si elle y'est encore, mais il y'a quelques années, à la sortie de la bouche du metro de Brixton, un pick up dévasté servait de socle pour un panneaux à LED indiquant un message rassurant du type "si vous vous faites agresser, donnez tout, ne résistez pas, ne soyez pas une victime de la rue". Il n'y a probablement pas d'autres images plus claire pour envisager le quartier sud de Londres. Et comme un périple nocturne au coeur du quartier, les disques Hyperdub sont sombres, sinueux, grouillants, lourds. Les inédits de King Midas Sound, de Burial, de Kode9 promettent des jours pires encore. K Mart et sa nouvelle muse asiatique promettent aussi une jolie collaboration, tout en sonorités 8bit sur fond de beats dévastés et lacérés de strates de claviers. Les classiques qui sont exposés sur la seconde galette sont aussi bons. La reprise fantômatique de Ghost Town par Kode9 est une terrible expérience, gavé de basses profondes, tout comme l'excellent 9 Samouraï; Burial extirpe de ses albums les morceaux les plus émblématiques avec ses beats craquants et ses samples qui s'évaporent. Entre ses grands représentants, se cache de plus obscurs pépites encore. Un objet qui retrace au mieux un label bourré de réjouissances tout en s'éloignant du genre qui la vu naitre.

jeudi 19 novembre 2009

Pissed Jeans - King of Jeans

On a eu la reformation des jesus lizard. On les a même vus live. Ils nous ont même deboité. Ils nous ont fait penser qu'Iggy n'était qu'un satané faux crooner sur le retour. La relève venait du passé. C'était sans compter sur ce disque. Autant le dire, la formation ne m'excitait pas du tout avant. Mais alors là, ils assument le meilleur nom de groupe du monde. Avec une envie urticante de les enterrer, ils nous la font à l'envers. Le riffing est sans complexe, toujours plus rapide, toujours plsu ramolli, toujours plus bordélique, toujours plus braillard, toujours plus insolent. Pissed Jeans c'est un peu le même effet que lorsque t'as bu milles bières, que t'arretes pas de devoir secouer ta bite humidifiée partout , que ta vessie est en open source. King of jeans c'est surement le meilleur truc qu'il soit arrivé au punk depuis les jesus lizard. Ca meugle, ça envoit, c'est malheureusement (ou heureusement, on en sait foutrement rien en fait, et surtout on s'en tamponne) signé sur Subpop, et ça relève les lettres de noblesse du label. A l'heure où certains pisseux se pignolent sur les 20 ans d'un disque passéiste (Bleach de Nirvana), d'autres sortent leur disque majeur, qui fait l'effet d'un airwicks sur tes boules. Un putain de brin de fraicheur disrtordu, mélodique bluesy et noisy. Je comprends que l'iguane soit passé du côté merdique de la musique. Ses suiveurs l'ont définitivement enterré. Samedi, c'est bombe pipi.

jeudi 12 novembre 2009

MASSIVE ATTACK-Zenith


Troisième jour de cette trilogie qui finit bien. La dernière fois que j'ai mis les pieds au zenith, c'était pour me moquer de NIN, chose qui encore aujourd'hui me ferait rire si seulement je gardais le moindre souvenir clair de cette soirée, ce qui n'est presque pas le cas. La seule chose que je garde préciseusement en mémoire, mais pas seulement à l'issu de la blague de Reznor c'est que le zenith, et ce depuis 2006, dispose désormais d'un très bon système sonore. Entre Tool à l'été 2006 et le même groupe quelques mois plus tard dans la même salle, le fossé était considérable. Pour cause, il semble bien que la salle ait refait (elle-même avec ses petits bras?) sa sono. Depuis, chaque concert a été rigoureusement soutenu d'un son bon, voir très bon malgré la taille de la salle. Tool donc, mais aussi Beastie boys (2007), Portishead (2008), Prodigy (2009), NIN (idem) et Massive attack donc, disposaient d'un son limpide et fort agréable.

Bon, arrêtons là le constat et parlons un peu de Martina Topley Bird: la compagne que Tricky n'aurait jamais du laisser filer ouvre aujourd'hui pour Massive. Contrairement à mon collègue d'espagne, je ne trouve pas son set chiant, loin de là. Martina propose une sorte de cabaret électronique bien mené et fort agréable. Pour le coup, la voici accompagnée d'un ninja-troubadour-homme-à-tout-faire qui assure batterie, guitares, percussions, cascades, cajon, cymbales dépliée (??) et bruits-de-la-nature-recré-avec-des-objets-insolites. De son coté, de rouge vêtue, MTB assure piano, loopstation et guitare sur un dernier morceau en un seul riff au final. En français, elle nous explique surtout, en plein milieu de son set, que la semaine dernière est ressorti le "premier album auquel j'ai collaboré": bonheur absolu pour mes petites oreilles, et c'est pas faute d'avoir vu Tricky plusieurs fois, je vois enfin l'improbable à savoir Martina chanté "Overcome" (qui fera doublon avec "karma coma" qui sera plié quelques heures plus tard).

Massive Attack sur scène est désormais une puissante machine de guerre: de longues barres à LED en fond, une batterie éléctronique non assuré par le batteur classique de Massive, Andrew Small, mais par un jeune remplaçant nommé Julien Brown, une autre accoustique depuis 2006 tenu par Damon Reece, ex Echo and the bunnymen et ex Spiritualized. Un set de claviers tenu par John Baggott (portishead) cette fois, et une table pour les deux architectes du groupes. Enfin, les emplacements pour Winston Blissett (Basse) et Angelo Bruschini en plus des emplacements (micros & claviers) pour Robert Del Nadja, Grant Marshall, Horace Andy, re-Martina Topley Bird et une autre chanteuse qui n'est pas Nelson (ce qui est improbable vu qu'elle hait Massive, et qui fait donc ressortir Badu de ma platine, cqfd.) compose l'imposant plateau. Small et Baggott montent en premier et lance une séquence électronique d'une lourdeur étouffante, comme un Autechre sous drogue. Le beat est accompagné de sons défragmentés, entêtant, pendant que Baggott soutient derrière avec d'épaisses nappes: le début de concert n'a rien à voir avec le très fatigué false flags qui ouvrait il y'a 3 ans. Ici, dès les premières secondes, l'ambiance est plus apre, guerrière. Le début du set est orienté vers les morceaux de l'album à venir. D'après les set lists qui trainent sur le net, "bulletproof love" ou "babel" sont des titres des nouveaux morceaux éxécuté ce soir (et les autres). Le tempo semble s'être acceléré chez Massive sur ces nouveaux morceaux. Plus ramassé, plus tendu, la musique du groupe semble puisé vers le post punk et la new wave encore plus qu'au temps de Mezzanine. Un morceau me rappel aussi étonnament "Reflection", face B d'Inertia Creeps. On aurait presque pu rêver d'un superpredators qui n'aurait pas fait tache.

Au bout d'une poignée de nouveauté, MA se remet son public dans la poche en entamant Risingson, à mon sens un des meilleurs morceaux du groupe. Le son est maitrisé, puissant. Les tremolo de la guitare sont de magnifiques éclats au milieu du jeu complexe qui oppose les deux batteries et les différentes strates de sons. Grant Marshall pose sa voix grave en contraste complet avec celle, qui semble rajeunir, de son accolyte Del Nadja. Plus loin Futurproof a des allures de chaos indus, avec un final ultra noise. Derrière le spectacle musicale, les barres lumineuses alternent lumières, vidéos (assuré par un artiste français, exceptionnellement), donné chiffrés, actualités du jour ("Sarko roi du pipeau" et la salle s'enflamme: je savais bien qu'à 45€ la place de concert, j'allais être entouré de prolos). Devant, quand 3D ne semble pas être un jeune évadé de son asile, le groupe (c'est à dire le duo) s'ecclipse totalement laissant place aux éxécutants et invités le soin de faire vivre Massive Attack, comme sur Angel ou teardrop-par exemple.

Teardrop justement est encore retouché. La version présenté est moins pute que la version horriblement mielleuse joué en 2006. Sans Fraser mais avec Martina, le morceau semble être dépouillé, demeure seulement un squelette de dub minimal où la chanteuse assure de sa terrible voix les lignes chantés 10 ans plus tôt par la représentante des Cocteau Twins. Il est très curieux de voir Martina évolué au sein de Massive: la légende veut que lorsque Tricky ait rencontré la jeune femme (alors agé de 15 ans) il l'enregistre et fait écouter le résultat à Massive qui se montre complètement ininteressés. Tous ce beaux monde semble être revenu du Knowle West Boy (pourtant dans les loges d'après certains, sur le point de chanter avec ses ex-compagnons le lendemain d'après certaines rumeurs) ce soir. Puis Mezzanine, le morceau inquiétant qui donnait son nom à l'album de 98 est tout comme Risingson déclamé dans une matrise et une puissance dont la salle se délecte. Safe from harm est totalement méconnaissable avec sa fin où tout le monde s'en donne à coeur joie autour de Julien Brown qui semble seul chef d'orchestre sur cette version épique, alors que Inertia Creeps, justement, termine en beauté la première salve. Après cela, le groupe a joué un peu convaincant unfinished sympathy, pompeux et pas trop à sa place (sans parler des effets de voix et autres déhanchés embarassants), qui suivait un tout frais "splitting the atom", morceau étrange (et plutôt réussi à mon sens) qui rappel les Specials de GhostTown. Enfin, Marakesh, se termine avant de laisser place à un remaniement bancale de Karmacoma en second rappel. Presque deux heures de concert. En sortant, on resonge à ce que l'on vient de voir, et l'on observe les réactions. Entre ceux qui se demandent qui est "la fille en rouge qui chantait", et ceux qui soulignaient que "les chanteurs jouaient pour les musiciens et pas pour le public en tournant le dos", on constate surtout l'énorme tour de force du groupe: arrivé a être "grand public" sans jamais faire de compromis. Le chaos totalement bruyant qui s'est abbatu ce soir nous conforte-même dans l'idée que le prochain groupe à être aussi exigeant et qui pourra rameuter autant de monde à ses concert n'est pas encore formé.

ANTIPOP CONSORTIUM-maroquinerie


Deuxième jour d'une trilogie qui continue bien. Cette fois-ci c'est Antipop Consortium qui continue "musique volantes", et c'est encore à la maroquinerie que l'on va se délecter d'un des groupes légendaires du hip hop indépendant. Ca sent un poil moins la sueur et la bière que la veille dans la salle. Et encore une fois, je ne m'étendrais pas sur Apcsi, première partie un peu indigeste: visiblement, le duo a tout misé sur la chanteuse, à la voix impressionante, mais aux mélodies évidentes sur des beats fades (voir complètement récupéré, comme si elle faisait un mash up sur un mp3 de son camarade) quand le bonhomme au béret ne fait pas le MC par dessus pour plomber encore plus l'interet du truc. Au suivant.

L'horaire est quasiement la même que la veille, visiblement, l'organisation a bien tout préparé. Antipop Consortium est un des groupes les plus emblématiques du hip hop experimental de la fin des 90's, début 2000 au même titre que Company flow, Cannibal Ox, Scienz of life, Edan, Sebutones, Themselves et d'autres. Après une séparation de quelques années (2002-2007 je crois) ils se reforment et sortent un disque. Album d'ailleurs assez discuté ("leur musique est elle encore pertinente?") qui vient ici prendre toute son ampleur. Le Quatuor fait plaisirs à voir. Earl Blaize aux platines et au sampler, M Sayyid à la MPC, High Priest au clavier, et Beans au MK s'installent et pendant une intro électronique un peu molle et inquiétante, on se remémorre les différentes implications du groupes (Techno Animal en tête) dans la scène musicale. Puis tous se retournent (car organisé autour d'une table) et lance le premier morceau, tiré directement de Fluorescent Black. Ce qui ne semblait pas gagné d'avance nous explose alors au visage. Le son est colossal, massif, les 3 mc's sont en très grande forme, et prennent plaisirs à être là. Leur talent de MC's prend également toute son importance. Les flow sont impeccables, précis, aucun ne semblent perdu. Entre les morceaux joué (massivement issu du dernier album), le groupe oriente son set vers des passages électroniques. D'un coup, le groupe fait penser à deux formations qu'ils estiment de toute évidence: les Beastie boys et les Residents. Les premiers pour cette alternance entre morceaux hip hop et instrumentaux, à la différence qu'ici, batterie/basse/guitare sont remplacés par de l'électronique. Les Residents pour ce même gout des sons étranges, parfois cosmiques. D'ailleurs, cette référence se voit confirmer rapidement lorsque Priest et Sayyid laisse Beans seul abattre "Thundermouth" tiré de son dernier album, basé sur un sample de "mark of the molé" des globes occulaires.

Quand APC entame ghostlawn, l'ambiance devient brulante dans la salle, le public est ultra réactif au glorieu single du groupe. Puis une impro plus loin(amputé pour Beans qui semble bouder) est suivi d'un rappel formé d'un Ping Pong anthologique, sur-puissant dans le son et l'interprétation enragé de Sayyid qui crie dans un micro gavé d'écho. Après un second rappel où les 4 semblent vidés de la moindre idée (un morceaux obscure aux machines, un beat et des sons bazardés en 2 minutes), le concert se conclut, laissant un goût de satisfaction: si sur disque le groupe peut laisser perplexe, sur scène, APC fait assurément partie des rares formations réellement interessantes du genre à voir absolument sur scène.

OXBOW-maroquinerie


Premier jour d'une trilogie qui s'annonce bien. Oxbow à la maroquinerie, en tête d'affiche: un concert que je pensais éviter à cause de finances justes, mais le souvenir des concerts précédents m'a rappelé à l'ordre. Aquisition d'une place. Après tout, Oxbow mérite d'être en tête d'affiche et vu la qualité de leur prestations, la (fuck) fête est difficilement manquable.

La première partie est assuré par Pneu. Je n'ai absolument rien contre le duo, mais à force de voir leur nom souvent revenir, et de lire trop de chroniques s'extasier sur leur musique, je n'ai qu'une envie réelle-et un peu adolescente: fuir cette première partie. L'excuse est toute trouvée: pas envie de trainer après le concert, faut manger avant.

Alors que tout le monde s'est bien gentiment dirigé dans la fosse, nous nous posons à un endroit stratégique de cette magnifique salle parisienne: derrière la console. De ce point, il est possible de jouir du spectacle visuel (car la salle est petite, donc pas besoin de prendre ses jumelles) tout en profitant du son otpimal, et en pouvant s'avachir contre la barrière. Magnifique idée que voici puisque le groupe s'installe juste face à nous, à coté de la console pour entamer un set accoustique. Dan Adams troque sa basse contre son violoncelle, Davis occupe un kit syndical, Wenner une guitare sèche, et Robinson, costard-moustache arrive en fendant la foule pour assurer une prestation sans micro. Autour, les gens en contact avec Eugène n'osent le regarder, baissent les yeux quand il se raproche car tous savent qu'aujourd'hui, ils sont en danger. Une paire de morceaux plus loin -pendant lesquelles le groupe instaure une ambiance pendant qu'Adams semble se débattre difficilement avec son immaitrisable instrument- le quartet refait le chemin inverse et entame directement avec Down A Stair Backward de Narcotic Story, soit un des meilleurs riffs enregistré ces 10 dernières années sur un disque. A la console lumière, comme d'habitude dans ce genre de concert c'est du grand n'importe quoi mais le début est particulièrement porté sur les light rouges, choix judicieux qui donne à Eugène se déshabillant progressivement un aspect de prophète des enfers, avec ses svastikas et étoiles (ne serait-ce pas un aigle impérial sur le torse fraichement ajouté à la panoplie du "tatouage polémique"? Ou un simple pigeon?). D'ailleurs, dans le lot des scènes improbables qui n'arrivent qu'à un concert d'Oxbow, il faut désormais ajouter lorsque l'ami Gulo tente de monter sur scène (éjecté au bout de 4 longues secondes par l'aimable chanteur), me rappelant -pour une raison que j'ignore- la scène où Bateman se sent happé par un concert de U2 dans le livre d'Ellis, version absolu. Scène immortalisée chez le voisin d'un magnifique cliché laissant croire à une eternelle semi étreinte entre les deux hommes.

Alternant entre des titres de Narcotic story, Fuckfest (fraichement ressorti) et Let me be a woman (Sunday en rappel), le groupe est impressionant. Dan Adams est la force tranquile, il laboure la musique par sa basse précise et puissante. Il écrase de lourds accompagnements mélodiques de par un son totalement maitrisé, hallucinant de justesse et de pertinence. C'est particulièrement remarquable sur le morceau d'ouverture. Wenner, l'architecte sonore du groupe assure ses parties de guitares avec une assurance déconcertante. Au coeur des structures flottantes qui semblent se dessiner, il est toujours extrêmement précis, pose au mieux ses riffs alors même qu'il donne l'impression (fausse) d'être à coté. Pour preuve, le musicien replaque les larsens exactement de la même façon sur disque que sur scène, genre d'exercice technique assez aléatoire pour un lambda. Enfin, Davis reste le batteur complètement génial qui assure à Oxbow une des rythmiques les plus impressionantes de la scène rock sauvage. Comme Crover ou Signorelli, ses rythmes sont habités d'un feeling remarquable, d'une exactitude bluffante face à l'apparente instabilité des constructions orchestrales. Chaque roulement est savamment administré, chaque frappe, ultra puissante, est sure. Tous donne l'impression d'une maitrise instrumentale jouissive, pendant que Robinson ne se force pas à jouer au chanteur, tant la musique et les paroles guident son attitude, sa voix. Avant le rappel, le groupe semble s'orienter vers l'éxécution d'un Shine anthologique, qui est en fait plus proche du morceau disponible sur le tout frais "song for the french", accompagné d'un "french", justement.

Tout comme certains autres groupes dans d'autres genres (the locust), Oxbow pratique une musique que d'autres tentent aussi de jouer, mais avec une intelligence qui fait cruellement défaut à bien des formations, sans jamais sacrifier la musique au profit de la démonstration stérile. Un groupe qui demeure remarquable.

mercredi 11 novembre 2009

Mobb Deep - Hell on Earth

Un homme à terre. Clairement un des disques les plus fascinants que le hip hop ait livré. Il y a des classiques indétronables de ce type, des disques intemporels, marquants pour une scéne. On pourrait en sortir quelques uns, vraiment prenants de bout en bout, vraiment ambiancés. Un beastie Boys, peut être, le Ol dirty Bastard, le premier Wu Tang, un Dälek (pour pas faire fan 90's blasé).
Mais concrétement, ce Mobb Deep est un des brûlots hip hop urbains les plus noirs. Dälek, d'ailleurs pas forcément mal cité á l'écoute de ces samples issus de mondes musicaux divers. Je me souviens avoir parlé de Gravediggaz ici même, pour ce côté face dans le caniveau, et sourire du joker. Pour recentrer, hell on earth joue aussi dans le caniveau, les tactiques du zonard, mais avec aucun sourire, juste une profonde noirceur. Ce disque est rempli de nappes, de sonorités diverses, sur les deux flows d'havoc et prodigy, un violon par ci, un piano par là, sur un fond de crépitement de flammes. L'enfer est réellement sur terre.
Le constat est simple: avec the infamoux, mobb deep livre ses deux chefs d'oeuvre. Pourtant, les deux sont trés différents. Là où le precédent laissait encore place instrumentalement à la gaieté, ou au trip musical, voire dans les paroles a un espoir (relatif), ce hell on earth est sans aucune concession de bout en bout. Ambiance nocturnes des deux côtés, mais lumineux et endiablé sur ce second. Mobb deep joue énormément avec la répétition de samples stridents, abusément déglingués et bancals. Ceux ci agrémentent des rythmiques toujours pilon, axées sur pas mal de caisses claires.
Quant au flow, le duo s'échange aisément le micro, mais laisse aussi la place à quelques invités de marques: Method Man et Nas pour ne citer qu'eux. Dernier album avant de vendre son âme au diable, c'est surement l'effet que produit l'enfer sur terre.
Indispensable.

vendredi 6 novembre 2009

WHITE MICE- GANJAHOVAHDOSE


Nous sommes menacés par une terrible maladie depuis quelques temps. Une pandémie mondiale pire que tout. D'abord apparue en amérique, cette maladie gagne progressivement l'europe et inquiète de plus en plus. Avant tout, elle touche une certaine frange de musiciens, qui sont tous plus ou moins issu du hardcore et dérivé. Certains ont même eu une période neo metal, mais ne l'admettent qu'à demi-mot. Les symptômes? Ils sont très simples à décrire. Ils se manifestent d'abord par le port obligatoire de t-shirts noires à l'effigie d'un groupe de rock'n'roll, le plus obscur ou le plus culte possible (au choix). Cela va ainsi du classique "black sabbath" au plus osé -avouons-le- Corrupted (par exemple). Les plus avenants ont même commandé des vêtements à l'éffigie de groupes tellement sombres qu'ils n'ont sorti qu'une cassette démo. De plus, l'aquisition d'un tatouage est monnaie courante. Une carpe, des fleurs, un crane, un slogan en latin, tout est assez éloquent et loin du cliché bien entendu. Ces musiciens ont une tendance naturelle à tout ralentir, dramatiquement, comme pour souligner que tout le malheur du monde, à porter, mine de rien, c'est lourd. Les accords de guitares sont souvent scandaleusement simples, mais efficaces. Oui, issu du hardcore, n'oublions pas qu'être un piètre musicien, en plus ne de pas être une tare, est surtout un truc à cacher absolument. Le batteur, souvent le pire de la clique, se contente de jouer affreusement fort histoire d'au moins faire croire qu'il a de la "gouache" (terme qui est apparu dans son langage à l'epoque du collège, alors qu'il découvrait machine head, et qu'il a transmis jusqu'à son amour de neurosis). Vu que tous se sont évertués à dresser une ossature musicale digne de ce nom ils embellissent au mieux cette première idée. Disposant d'un seul et unique riff enrobé de sa basse et de sa batterie ils décident de broder autour de ce thème fort nauséeux, en l'allongeant (7 minutes est un temps convenable pour un morceau court) au maximum. L'arrangement est alors un travail très subtil: sans disto, avec disto, sans guitare, avec guitare, sans deuxième guitare, avec deuxième guitare, sur les toms, sans les toms, avec basse, sans basse, avec disto, sans disto. Les plus singuliers ont même achetés un korg avec lequel ils ajoutent une nappe inaudible dans un passage des plus lourds et "chaotique" (terme utilisé pour décrire 80% des idées soumises par le guitariste dans la plupart des cas, aujourd'hui remplacé par le très en vogue "psychédélique"), c'est à dire un passage avec basse-avec cymbales-avec disto-avec deuxième guitare. L'autre astuce judicieuse, pour ne pas perdre les auditeurs c'est de tout gaché le peu de talent purement musicale qu'il restait jusque là en administrant une dose de chant. Celui -ci est forcément beuglé, et pas que de trucs malins. "I'm so lonely in the darkness of my room" et autre conneries sur "l'amour, la mort, la colère, la frustration et tout ce qui habite le groupe"est hurlé pendant 4 minutes (ca fait une monté de 3 minutes instrumentales pour un morceau court, vous suivez bien sur ?!) pendant que les autres font au moins l'effort de rejouer ce qu'ils ont lentement mis en place pendant 5 répetitions avant. Parfois même, quand le chanteur a eu un bac L, il cite Bataille, Céline, Debord. Enfin, cette terrible maladie se traduit même jusque dans le choix des visuels, souvent composé de créatures humaines ou pas, relativement déformés (un bébé sans jambes, un loup qui bave, un tigre-&-dent-de-sabre aux yeux rouges, des tentacules, un sorcier sans visage...) sur fond noir.

Certains autres groupes ont arrêté de se poser des questions depuis bien longtemps et essayent de faire du bruit le plus efficacement possible, en gueulant comme goret Ingram sur le boucan le plus pesant. Pour éviter d'avoir a regarder l'air mauvais le photographe embauché pour la promo, ils ont même couvert leur visage avec des masques crades de souris. Histoire que dans 20 piges, leurs mômes ne leur demandent pas pourquoi ils avaient des poses embarassantes quand "papa faisait du rock".

mardi 3 novembre 2009

Der blutharsch - Flying High

Toi et moi on a pris des pierres philosophales ensembles. On a entrevu les confins de nos peurs, pour mieux les tuer dans l'oeuf. Ensembles. On est arrivés à incarner notre esthétique rock n roll ultime, dans un rock industriel bardé de wah wah, sorte de Jimi Presley defoncé, complétement debridé. Der blutharsch avait peu à peu cassé la glace, pour s'enfoncer de plus en plus dans une folie énergétique psychédélique.
You and I we're Flying high. Notre épitaphe. N'ais pas peur baby, tu ne te rends pas compte que l'on planne juste complet. Lily Marleen est enterrée, les soldats aussi, et nous marchons mains dans la main dans ce cimetière guerrier, complétement stones, complétement highs, avec un sourire plus grand que l'holocauste. C'est juste toi et moi, complétement defoncés.
C'est aussi une belle poilade, pas forcément évidente au début, laborieuse dans ses retranchements, difficile à se mettre en place, car porteuse de sens. On a vus nos limites humaines, spirituelles, les possibilités se sont ouvertes en même temps que notre cerveau. Décuplons les possibilités, mais assumons les angoisses qui vont avec. Si tu tiens fort ma main, rien ne se mettra au travers de nous.
Beau comme un ours abbatu, sale comme une bourgeoise s'asseyant sur un vélo sans selle, mortuaire comme une procession de fourmis portant une miette de pain, kitsh dans certains effets comme du depeche mode plus qu'assumé, punk comme iggy sous prozac, Flying High en somme.

[bleu] - Sincère autopsie de la finesse

Le bleu comme couleur du vide, le bleu en contraste avec le blanc, représentant surtout la mer et le ciel, par symbole, donc pas grand chose. Associations d'idées manquantes, abstraction pure, le bleu comme un élément clinique. "La vie se trouve ailleurs". Les lignes continues se superposent, en couches, jamais trop pleines, fières d'une linéarité additive. Un bleu à la Reich, plutôt Steve, axé sur l'itération de lignes brisées, avec en arrière plan ce piano entêtant.
Mais là où la pulsation était un prémice du futur mélange électronique, chez ce bleu là, l'electronique est un prémice de la future pulsation. Les armes sont différentes, le combat est clairement opposé. La digestion des contemporains leur permet d'orner leur rock. Alors c'est peut être là le péché mignon. L'ornementation à outrance. Pour ce premier jet, ils n'ont pas fait dans l'étron. Réfléchi dans les moindres recoins, les choix soniques ont été largement travaillés. Minutieux et surement pas minus(ieux) dans le labeur, bleu peut se targuer de quelque chose de clairement soigné. Pourtant, cette production irréprochable se file vers des contrées plus assumées lorsqu'avance l'animal. Bleu se livre au fil des morceaux. Leur temps temps temps temps temps est le single, agrémenté d'un clip vidéo magnifique, et cette façon stakhanoviste de jouer se délie petit à petit, vers quelque chose de plus personnel, plus fin et plus bas ventral. Soniquement parlant, ils jouent la carte de l'apocalypse bruitiste avec une attitude révérencieuse (l'hommage à Pierre Henry joue cartes sur table). Brumeuses est un brulôt complètement maitrisé, où le son gagne à être plus qu'indécent, où le piano n'est plus qu'une abstraction vivante, où bleu s'éloigne de la côte pour livrer un paysage désolé, proche d'un fennesz dernière période, où la batterie de manu (pas le malin) se fait moins retenue, moins cymbalistique, plus martiale.
Clairement l'effort peut être salué pour ce premier jet, entre dégueulis sonore soigné, sorte de vomis dans une soirée rallye, entouré de bons intellectuels. Bleu est passé à côté d'un effort sigur rosien passe partout, laminé par la baverie mièvre qui aurait pu en découler. Mais la qualité des choix, des ambiances, l'envie de bien faire, de maraver le rotary musical, pousse loin le bouchon d'une esthétique contemporaine qui prend aux trippes. Les choix des chants, du format, des contrées visuelles s'impose aisément.
Bleu l'a trés bien compris. Le duo a envie d'en découdre avec leur fascination pour la musique contemporaine, les écrits qui en découlent, les associations de malfaiteurs artistiques où tout s'accorde: visuels, écrits, et sons.
En didascalie l'attitude à adopter: déconnecter myspace (où leur démo est en libre téléchargement (içi), arrêter de squatter les channels intellectualisants, et continuer leur quète d'absolu artistique, sans aucune frontière, cette fois ci dans des prestations live debridées.
Car c'est là bas qu'on les attend, et que quelque chose d'encore plus prenant se passera.