vendredi 31 octobre 2008

EL-P - fantastic damage


Auréolé d'un succès d'estime tout à fait justifiable après avoir livré plusieurs pépites pour can ox et co flow, El-p, séparé de mr Len se lance dans un premier long jet en solo après moults promos sur def jux. L'album a reçu un accueil mitigé, pour ne pas dire décevant. Assez mal vu puisqu'il apparait clairement que les ambitions d'el producto au sortir de ses aventures en groupe sont incomprises, et l'album parait surtout indigeste, trop lourd, trop long, trop sombre, trop tout. Pourtant, avec le recul nécessaire, il est évident que ce fantastic damage ne pouvait être juger dans l'instant, qu'il faudrait du temps pour comprendre, capter, assimiler toutes les subtilités d'un tel disque. Rude, il l'est. Rèche aussi, de toute évidence. El P semble avoir passé sa mixture hip hop progressive dans des machines lo-fi, et retraités ses sons à la manière de l'IDM, version feignasse et digeste -comprendre par là que si l'album avait eu la richesse d'un autechre, il serait tout bonnement inécoutable. Beats désarticulés, remontés dans tous les sens, samples obscurs, sons agressifs, le disque fait dans la dentelle ravagée, savamment mise en pièce. Sa connaissance d'un certain rock est évidente, les samples de guitares sont triturés à l'extrême, se croisent aux sons d'un clavier krautrock des plus distordus ici, s'envole dans le cosmos par là. Par dessus, bien évidemment, il rappe, invite ses potes, ses fidèles ( vast air, et surtout aesop rock, pour qui un disque rhyme avec une collaboration, c'est syndicale). Son flow est digne de son travail avec co flow, rapide, sure et maitrisé, parfois pris dans un effet boule de neige qui s'enflamme. Ce qui est sûr, c'est que l'album est extrêmement complexe, difficile à suivre. Une seule écoute ne suffit pas à envisager tout ce que le roux veut nous raconter. Quelques clins d'oeil à sa propre discographie ou encore des thèmes repris (ne serait-ce pas un sample de la BO du film HEAT qu'on entends sur "innocent leader"?) rajoutent encore du chaos dans ce déluge de distortions, de vapeurs, de brume rythmique. Un album ambitieux et tordu, mais loin d'être foutraque car enrobé d'une cohésion remarquable. Labyrinthique et cauchemardesque, oui, chaotique aussi, comme cette pochette.

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