lundi 15 septembre 2008

THIRD EYE FOUNDATION-Collected works


Triple CD pour cette ré-édition chez Domino. Si aujourd'hui matt Elliott propose une musique nettement plus posée et reposante, puisqu'il officie maintenant dans un registre folk, son passé sous le nom third eye foundation est célébré comme il se doit par domino qui propose donc ce magnifique et indispensable objet. Reprenant les 3 albums enregistrés par Elliott, c'est un digisleeve quadruple battant couvert de visuels sereinement torturés qui s'offre à vos yeux. Le christ écartelé, réincarné en rongeur. Ou le saint félin de "you guys kill me" qui ne semble plus vous regarder. Comme le contenue, tout est ici sombrement déséspéré, inconnu parmis les évidences, triste et mélancolique. Dans une cavalcade rythmique poussiéreuse se dessine le long des 3 disques une montée progressive des sons, comme si Elliott avait prémédité l'ensemble de sa discographie dès la première note enregistrée. Drum and bass malade, électronique habitée, ambiant dépecée de sa structure pour se régénérer dans ses contraires. Ici, rien n'est minimaliste, mais tout est savamment dense, orchestré avec brio, luxuriant, tout en non dit et en tensions. Les thèmes se sabordent eux-même, se redefinisent au sein d'une même structure. Les sons semblent tous venus d'une autre époque, indescrptible. Baroque et moderne, passée et anticipée. La progression de chaque plage confère à l'oeuvre d'Elliott une forme de psychédélisme suave et malsaine à la fois, obsédante et glaciale. Mais ce qui fascine le plus à l'écoute des 3 disques, c'est l'obsession de son auteur pour son oeuvre. Sa musique semble se manger elle-même, se nourrir elle-même pour se régénérer. Elle se goinfre de ses hésitations, de ses maladresses pour revenir de plus belle. C'est d'autant plus marquant que cette méthode est employé à chaque disque. Comme si Elliott, avant chaque enregistrement, s'était repassé son précédent opus pour le piller, le refaire sous un nouveau jour, sans jamais pourtant sembler taper dans la redite. Son travail d'orfèvre devient alors magnifiquement obsédé par lui-même, cloitré dans son propre désir de perfection et de recommencement. Les thèmes réapparaissent, de manière fantomatique, lointaine et obsédante. Le rythme change, soutient richement mais de façon feutré un ensemble de structures qui de toute façon, reviendront plus tard. Un triplé électronique à la dimension unique et cohérente, ce triple disque est incontournable.

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